Deux intellectuels de premier plan ont apporté leur contribution, donnant plus d'épaisseur à l'analyse historique, politique, économique et sociale que développe l'auteur. Il s'agit de l'économiste Samir Amin, qui a tracé un parallèle entre l'évolution de l'Egypte et celle de l'Algérie dans une préface magistralement ramassée dans une quinzaine de pages. Sadek Hadjeres, ancien membre de la direction du Parti communiste algérien (PCA) et ancien premier secrétaire du Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS) a, pour sa part, rédigé une post-face qui jette un regard averti d'acteur politique sur le cheminement politique de l'Algérie indépendante. Deux éditeurs ont uni leurs moyens et leur savoir-faire pour mettre sur le marché le livre de Belalloufi. Il s'agit des éditions Lazhari Labter et de APIC éditions, deux maisons algéroises dont le sérieux et l'engagement ne sont plus à démontrer. La démocratie en Algérie – Réforme ou révolution a, cela est visible, bénéficié d'un effort documentaire considérable. Les sources citées sont aussi nombreuses que variées, révélant un travail de longue haleine qui dure apparement depuis des décennies. Il est clair que Belalloufi a mûri ce titre durant des années, accumulant les références, classant les documents et consacrant d'innombrables jours et nuits à lire et à décortiquer tout ce qui pouvait intéresser de près ou de loin le sujet de son projet éditorial. H. Belalloufi s'est basé sur l'histoire et l'actualité pour «penser la crise de notre société». C'est, précise-t-il, «ce que nous avons tenté de faire dans cet essai qui ne doit cependant pas être lu comme un livre de sociologie, d'histoire, ni même de science politique» (P 33). Belalloufi commence par poser une problématique comportant une rafale de questions sur le malaise profond, voire douloureux que vit le peuple algérien malgré les cinquante années d'indépendance. Il finit son questionnement par une interrogation majeure : «Ne s'agit-il pas finalement d'une crise générale ?» Cette dernière affecte aussi profondément que durablement l'ensemble des aspects de la société. En d'autres termes, tous les équilibres sont remis en cause. La politique, comme l'économie, tournent au profit de petites castes qui ont élaboré un système de légitimation idéologique basé sur un nationalisme étriqué et une religion fanatisée qui, conçus comme un attelage fou, vont mener le pays à l'inertie, ensuite à la guerre civile. Le livre est divisé en trois parties, chacune comptant trois longs chapitres. La première partie intitulée «Aux origines du processus démocratique», revient sur les différents aspects de la crise du système de pouvoir algérien, en insistant sur la «dépolitisation» qui sera utilisée par les gouvernants successifs pour désarmer la société. Pour les besoins de ses démonstrations, il revient jusqu'aux débuts de l'indépendance du pays pour rappeler les innombrables luttes qui ont opposé les différents clans du régime qu'il distingue en différentes fractions de la bourgeoisie, ou encore les luttes qui ont confronté ces dernières aux classes populaires. La deuxième partie traite de l'islamisme algérien et des nombreuses tentatives de conceptualisation dont il a fait l'objet. La troisième enfin, également subdivisée en trois chapitres, est intitulée «l'impossible démocratisation». Elle insiste sur «l'échec de la première transition démocratique». En fait, toute cette partie fait un bilan général des échecs de la gouvernance du régime incarné depuis près d'une décennie et demie par le régime autoritaire du président Bouteflika.
Hocine Belalloufi. La démocratie en Algérie- Réforme ou révolution (sur la crise et les moyens d'en sortir), Editions Lazhari Labter et APIC Editions, 495 pages, Alger 2012. Prix 900 DA. H. Belalloufi dédicacera son livre le samedi 22 septembre à la Safex, durant le SILA, au stand d'APIC éditions, et le 23 au stand des éditions Lazhari Labter.