L'ouvrage ayant pour thème la démocratie en Algérie arrive à point nommé car il répond aux questions de millions de citoyens. Journaliste et écrivain, Hocine Belalloufi, propose aux lecteurs un livre-bilan. Cinquante ans après l'indépendance, c'est à la jeune génération de prendre la plume pour produire l'analyse de la crise à laquelle est confronté le pays. Cela implique pour l'auteur du livre La démocratie en Algérie, réforme ou révolution, de revenir sur le bilan de cette indépendance. C'est en 491 pages que Belalloufi est parvenu à parcourir cette histoire. Edité conjointement par Lazhari Labter et Apic, le livre s'inscrit dans la lignée des ouvrages indispensables non seulement pour comprendre la crise mais aussi pour en sortir. Dans la préface écrite par le penseur égyptien, Samir Amin, il est question d'une société algérienne marquée par une forte aspiration à l'égalité. C'est l'un des éléments qui le conduisent à penser que l'Algérie est mieux placée que d'autres pays arabes pour faire face aux nombreux défis auxquels elle est confrontée. Des opportunités, il en existe, mais des vulnérabilités aussi. Belalloufi pense, entre autres, à l'échec des transitions démocratiques comme celle ayant suivi les émeutes d'Octobre 1988 et ayant avorté en 1991. C'est suffisant pour mettre entre parenthèses la revendication démocratique (page 226) même si l'on pensait que l'année 1999 allait ouvrir un nouveau chapitre dans le paysage politique de l'Algérie. Mais avant d'arriver à des rendez-vous électoraux censés sortir le pays d'une longue transition, il a fallu que l'armée stoppe le procès de fascisation comme l'écrit l'auteur en sous-titre à la page 228. Pas de fascisation, mais pas de démocratie, non plus. Le verdict est sans concession. Le mouvement démocratique de masse des années 1980 et 1990 a, en partie disparu, reg-rette Belal-loufi, comme on peut le lire à la page 247. Il ne faut pas penser que la sphère économique est sortie indemne. Privatisations et licenciements sont relatés dans le livre. Mais aussi le revirement patriotique opéré à partir de 2008 et confirmé par la loi de finances complémentaire de 2009. C'est de ces développements qu'il est question à la page 318. Plus tard, il y eut même un Plan quinquennal (210-2014) de 286 milliards de dollars. Hocine Belalloufi pose la question suivante: le tournant du patriotisme économique constitue-t-il un coup d'arrêt à la transition vers l'économie de marché? La réponse est en page 323 et suivantes. En conclusion, l'auteur propose rien de moins que de retrouver la boussole. Pour cela, il est suggéré que «le mouvement populaire doit privilégier la dimension tactique de la revendication démocratique en défendant les libertés menacées: droits d'association et d'organisation politique, libertés syndicales, liberté de la presse». Ce n'est pas suffisant. Cette démarche n'a de sens que si elle s'intègre à une stratégie visant «à instaurer un régime authentiquement national, démocratique et populaire pour mener une autre politique intérieure et extérieure». Les analyses contenues dans le livre risquent de ne pas être partagées par les lecteurs. Même Sadek Hadjerès, qui a écrit la postface, est conscient de cette difficulté de fédérer un grand nombre de lecteurs sur les idées contenues dans le livre. «Bien entendu, nombre de points de vue seront soumis par les uns ou les autres au crible de la critique et des avis différents. Une des qualités de l'ouvrage est d'y être ouvert et de les solliciter», constate Sadek Hadjerès. Qu'en pensez-vous?