Quatre mois environ après la contestation menée par les occupants de ce bidonville et trois mois après sa démolition, la cité fantôme de recasement d'Aokas continue de parler d'elle.En effet, ses occupants, ayant abandonné de leur gré leurs demeures pour, pensaient-ils, quelques dizaines de jours tout au plus à l'effet de permettre la démolition de ces taudis de la honte et leur remplacement par des habitations décentes, c'est ce qui a été convenu, en sont encore à s'interroger sur le sort que l'avenir leur réserve. Neuf représentants de ces familles sont d'ailleurs entrés dans une grève de la faim, dimanche dernier, devant le siège de l'agence foncière intercommunale sise dans la ville de Béjaïa. Sur 53 personnes, une dizaine seulement vivent dans des conditions respectables en occupant leur propre logement ou en étant locataires. La plupart sont hébergées par des tiers, des parents, dans des conditions souvent déplorables : surnombre, exiguïté, promiscuité et toutes sortes de désagréments rendant la cohabitation à la limite de supportable. Certaines, ne possédant pas de logement ni ne pouvant se permettre de louer, ont été contraintes de regagner leurs villages d'origine situés en dehors du territoire de la commune, emménageant dans des conditions de fortune sachant que les lieux ont été abandonnés il y a des dizaines d'années. En somme, le même sort pour les mêmes laissés-pour-compte : la précarité ! C'est le cas de Brahim Aissani qui nous raconte le calvaire que sa famille a vécu durant cet été d'enfer. «J'ai emménagé avec ma femme et mes deux enfants, tous trois malades, dans un local. Même spacieux, il n'offrait aucune commodité. Et comme s'il n'y avait pas assez de misère, on devait encore souffrir des moisissures, du manque d'aération, de l'humidité, du mauvais ensoleillement, des cohortes de moustiques et de fourmis ainsi que de toute sorte de nuisances dues au fait que l'endroit abrite des activités commerciales et des soirées pendant la période estivale», se plaint ce sinistré. Avec la rentrée des classes et le retour du mauvais temps, la situation devient préoccupante notamment pour les parents. Leurs enfants étant inscrits dans les établissements scolaires du chef-lieu de la commune, la reprise des cours ne sera pas aisée pour ceux qui se sont installés loin de leur lieu de résidence habituel. Pour rappel, les habitants ont procédé au début de l'été en cours, plusieurs jours durant, à la fermeture de la RN9 au niveau de la sortie ouest de la ville pour protester contre la mise à l'arrêt des travaux de réaménagement de leur cité. La décision de l'arrêt des travaux de démolition du vieux bâti a été prise suite à un litige avec les anciens propriétaires, qui, à leur tour ont fait valoir leurs droits sur une partie du terrain, ou la totalité, en procédant à un dépôt de plainte. Du côté des autorités locales, l'indisponibilité des responsables, due à l'absence de certains, partis en vacances, et la fuite des autres, a fait qu'on n'a pas pu être suffisamment éclairé sur le dossier.Toujours est-il, selon des sources proches des parties concernées, l'affaire suit son cours en justice au moment où les délogés, dont Brahim Aissani, lancent un véritable SOS au premier responsable de la willaya pour qu'il use de toute son autorité et éviter que les enfants ne paient encore le prix fort des errements de leurs aînés.