Lorsque nous étions en bonne santé, nous avons servi sans répit et quand nous sommes devenus amoindris physiquement, aucune réparation ne nous a été accordée », lance Hadji Walid, jeune militaire blessé dans le cadre de la lutte antiterroriste. Comme lui, près de 500 militaires (actifs et contractuels mis à la retraite) ont protesté hier devant le siège de ministère de la Défense, à Alger, contre « l'oubli » dont ils sont victimes. Ils sont venus de toutes les wilayas du pays et ils représentent tous les corps des services de sécurité (gendarmerie, éléments de l'ANP et forces spéciales). Leur objectif : exiger une prise en charge à la hauteur de leurs sacrifices pour la sauvegarde de l'Etat algérien. En effet, ils étaient nombreux à se présenter, tôt dans la matinée, au ministère de la Défense et y tenir un sit-in. A 12h, ils étaient toujours là. Entourés de nombreux policiers, les protestataires n'ont pas voulu quitter les lieux avant d'être reçus par un responsable de la tutelle pour lui remettre leur plateforme de revendications. Les rédacteurs de cette plateforme, dont une copie a été adressée à la présidence de la République, demandent une prise en charge de tous les militaires blessés. Ils exigent une réparation matérielle selon le degré des blessures subies, la revalorisation de l'indemnité du handicap qui ne dépasse pas 2800 DA actuellement (pour incapacité de travail de 100%), l'augmentation de l'indemnité des blessés, la revalorisation de la pension militaire selon le grade et l'ancienneté. Les contestataires demandent aussi la révision de la loi sur les pensions militaires, l'octroi de l'indemnité du handicap aux parents des victimes après le décès de ces dernières, la réintégration des militaires blessés dans l'exercice de leur mission et la prise en charge totale des familles et des veuves des militaires décédés dans le cadre de la lutte antiterroriste. Et la liste des revendications est longue. Pour cette catégorie d'anciens militaires, la vie quotidienne est devenue amère. « J'ai servi pendant 10 ans. En 2002, on m'a passé en conseil de discipline pour me licencier alors que j'étais déjà invalide. Depuis je n'ai touché aucun sou. C'est de la hogra ! » affirme Gueldasmi Amar. Bouguerra Ali se trouve dans la même situation. Lui a quitté les rangs de l'armée en 1996, avec des blessures qui l'empêchent de travailler. En plus des blessures et toutes sortes de handicaps, certains militaires présentent même des pathologies psychiatriques chroniques nécessitant un traitement à long terme. C'est le cas de Mat Ahmed. Pour tenter de dépasser sa maladie, ce dernier demande un poste d'emploi dans le cadre du mécanisme d'emploi des jeunes. « La réconciliation nationale doit commencer par la prise en charge des militaires engagés dans la lutte antiterroriste », déclarent encore les protestataires, qui demandent une intervention des autorités pour résoudre leur problème, comme ce fut le cas pour les appelés du service national victime de terrorisme. En tout cas, les protestataires ne comptent pas baisser les bras. Ils menacent de revenir encore une fois sur les lieux si les autorités ne donnent pas une suite favorable à leur demande.