Rappelés sous le drapeau, sur décret présidentiel, entre 1995 et 1999, dans le cadre de la lutte antiterroriste, des réservistes interpellent aujourd'hui les plus hautes autorités civiles et militaires du pays pour “une réhabilitation sociale ou professionnelle”. C'est le cas de ceux originaires de la wilaya de Mila, lesquels, pour mieux se faire entendre, se sont regroupés en association, agréée depuis le 11 novembre 2002. Avec actuellement 1 060 adhérents, l'Association de wilaya pour la réintégration des jeunes du service militaire (MOB), dont le siège est à Oued Athmania, se bat pour une “reconnaissance de son dévouement et engagement envers le pays durant plusieurs années de violence terroriste”. Selon son président, Bendaoud Bourahla, les rappelés d'hier aspirent à une prise en charge aujourd'hui, car la majorité d'entre eux se retrouve dans une situation précaire. Ayant répondu favorablement à l'appel du devoir, ces réservistes, enrôlés et affectés à différentes régions du Centre et de l'Ouest où la lutte antiterroriste n'aura pas connu de répit, sont rentrés chez eux, pour les plus chanceux, car, beaucoup y ont laissé leur vie, sans qu'il leur soit proposé la moindre réinsertion sociale. Depuis 1999, année de la reddition et de l'amnistie, outre la fragilité psychologique ou le handicap physique, le retour à la vie civile de ces rappelés s'est avéré fort difficile, selon les membres de cette association. Si pour certains, la “démobilisation” signifiait “subir de nouveau les affres du chômage”, pour d'autres, actifs auparavant, c'est aussi la découverte d'un statut idoine, devenu ainsi le leur en raison de la perte de leur emploi. Selon Kasseh Mouloud, membre du MOB, alors que les textes législatifs ne souffrent aucune ambiguïté et stipulent, en pareil cas, la sauvegarde et la réintégration de l'emploi, plusieurs des réservistes n'en auraient pas bénéficié. Les invalides, entre autres, impotents ou en état de cécité totale, pour leur part, ne seraient pas mieux lotis avec la perception “d'une pension trimestrielle de 4 000 DA”. Les “oubliés de la tragédie nationale”, comme ils se qualifient, aspirent tout simplement à avoir une vie décente, qu'on leur accorde des opportunités de travail au même titre que tout citoyen. Mais en dépit d'une instruction particulière émanant du commandement de la 5e Région militaire préconisant l'assistance “de ces éléments en vue de l'octroi d'éventuels postes de travail”, toutes leurs démarches auprès des responsables locaux seraient restées vaines. Même chose pour les correspondances adressées à l'Etat-major ou encore au plus hautes instances de l'Etat dont la présidence. R. A.