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Procès de Cherif Ouchen : Aïn Kercha, pain noir et sombre désespoir
Publié dans El Watan le 20 - 10 - 2009

Après un premier report, le tribunal de Aïn M'lila, près la cour d'Oum El Bouaghi, jugera aujourd'hui le citoyen Cherif Ouchen pour atteinte au président de la République. Au-delà des faits et de la responsabilité de l'auteur des « versets sataniques » qui n'ont pas plu au destinataire, il importe de comprendre les motivations de Cherif à moins que l'expertise psychologique le déclare inapte.
Quelle mouche l'a piqué pour qu'il plie devant un sombre désespoir et commette un crime de lèse-majesté ? Un seul moyen pour déceler ce grand mystère, faire une immersion dans son monde. C'est à Aïn Kercha que vit Cherif. Une localité de la wilaya d'Oum El Bouaghi, étalée sans harmonie aucune, sur la plaine des Nemamcha, au pied du mont Guerioun et loin des axes stratégiques. Jadis terre de lutte et de sang, Aïn Kercha a payé très cher la dîme de la guerre de Libération nationale et celle de la lutte antiterroriste. La famille de Cherif est de celles justement qui ont payé un lourd tribut pour la liberté et contre l'obscurantisme. Trois de ses oncles sont morts en martyrs le même jour durant la guerre d'indépendance. Face à la horde terroriste, deux de ses frères se sont engagés auprès des forces de sécurité et l'un d'eux, seul survivant miraculé d'un attentat meurtrier contre une patrouille de l'armée, est aujourd'hui réformé. C'est lui qui s'occupe d'ailleurs de la famille de Cherif quand ce dernier est absent, (comme c'est le cas actuellement) ou bien incapable de ramener le pain du jour pour nourrir ses 5 enfants et leur mère.
L'aîné de la famille de Cherif s'appelle Massinissa et a 23 ans. Il vient d'être mis à la porte par le patron du restaurant où il gagnait des sous, pour s'être absenté 2 jours suite à l'arrestation de son père. Massinissa raconte son sort avec beaucoup de dignité. A l'instar de ses quatre sœurs, il tient beaucoup de son père. Cherif l'atypique est très bien considéré dans son village. D'aucuns estiment qu'il est un exemple de droiture et de correction. « Même ceux qui ne l'aiment pas ne peuvent dire de lui davantage que quelqu'un qui a une mentalité européenne », raconte son cousin Kamel. « Qui n'aurait pas fait la même chose à sa place, si ce n'est plus ? » « Il a eu raison de réagir comme il l'a fait », affirme rageusement D. B., un jeune cadre qui connaît bien Cherif et sa famille. Parmi ceux que nous avons rencontrés à Aïn Kercha – patelin du n°2 du RND, Abdeslem Bouchouareb –, il y a comme un sentiment unanime que Cherif ne mérite pas la prison.
Aïn Kercha est un coin 100% chaoui, où règne encore le nif, la franchise et la crânerie, des valeurs presque disparues ailleurs, quoique ici aussi altérées par la précarité et les formes de corruption qui rongent notre société. Après la vague islamiste, le temps aujourd'hui est à d'autres fléaux : alcool, drogue… tout est bon pour échapper à l'ennui et au chômage, s'indigne encore le cousin de Cherif, directeur d'école de son état. Ici, la seule activité possible, l'agriculture, a été abandonnée depuis bientôt deux décennies et ne retient plus les jeunes qui regardent ailleurs et attendent, faute de mieux, l'arrivée de l'ADSL dans leur village. Cherif lui végète presque en écrivant des correspondances pour des « papys » retraités des sociétés françaises. Le petit bureau n'a rien, hélas, d'une poule aux œufs d'or. Son quotidien est si dur et si injuste pour lui, victime de la libéralisation anarchique et de son incapacité à s'adapter à la nouvelle donne économique faite d'opportunisme sans vergogne et de débrouillardise. Après avoir été trésorier, sergent-chef dans une caserne de transmission de l'ANP, il rejoint les Galeries algériennes où il travaille des années durant comme comptable. Les Galeries algériennes sont dissoutes et Cherif se retrouve au chômage, privé en plus des indemnités. Commence alors une longue bataille administrative d'abord et juridique ensuite. Une bataille qu'il conduit en partie depuis la ville française de Nice où il émigre pendant cinq ans à la recherche de revenus décents pour faire vivre sa famille. Toute une décennie passe sans que le pauvre Cherif ne perçoive un seul dinar, en dépit des efforts titanesques et une détermination remarquable.
En désespoir de cause, il s'adresse aux hautes instances de l'Etat en quête d'un arbitrage. Mais le silence méprisant est tout ce qu'il récolte en guise de réponse. Une attitude qui finit par assassiner tout espoir chez lui de justice à quelque niveau que ce soit dans son pays. Cherif ne devrait pas être jugé pour l'acte qu'il a commis mais plutôt pour les raisons qui l'ont poussé à le faire. N'est-ce pas là l'un des principes du code pénal ? Punir les harraga et les millions de Cherif en puissance n'a rien d'une prouesse dans l'exercice de l'autorité de l'Etat ; ce serait, au contraire, de l'autoritarisme bête et méchant qui ne comprend rien aux appels au secours des Algériens.


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