Samedi dernier, les journalistes et autres professionnels de la presse algérienne observaient un rassemblement dans l'enceinte de la maison de la presse Tahar Djaout. Une centaine de personnes étaient présentes afin de dénoncer les piètres conditions socioprofessionnelles dans lesquelles évoluent les journalistes, revendiquant le droit d'exercer leur métier dans la décence et hors des pressions exercées de toutes parts. Les présents se disaient excédés par les pratiques de certains patrons de presse qui considèrent et traitent leurs staffs comme « une vulgaire marchandise ». Ces accusations ont été, encore une fois, justifiées. Hadjar Guenanfa, une jeune journaliste à la Tribune des Lecteurs, a été licenciée. Motif du renvoi ? Avoir témoigné dans un dossier d'El Watan de la précarité vécue par certains journalistes, particulièrement les débutants. Virée sans ménagement et sans autre forme de procès, elle se voit même menacée de poursuites judiciaires pour diffamation. Atterrée, la jeune femme ne s'attendait pas à l'élan de solidarité qui allait faire d'elle le symbole du malaise vécu par la corporation. Dès le lendemain matin, la nouvelle est relayée par les sites communautaires de partage, Facebook en tête, se propageant dans le milieu de la presse comme une traînée de poudre. Ni une ni deux, les messages de soutien et d'indignation affluent et sont partagés tout au long de la journée par les membres du réseau algérien et étranger de Facebook, journalistes ou autres. Abderahmane Semmar, journaliste à la Tribune, lance alors l'idée d'un rassemblement de soutien à la jeune Hadjar. Rendez-vous est donc donné pour le lendemain, à la maison de la presse encore une fois, à l'endroit même où les journalistes avaient crié leur ras-le-bol. Une cinquantaine de journalistes et de citoyens, ont répondu à l'appel ; des centaines d'autres, retenus dans leur rédaction ou à l'étranger, « étant là par la pensée ». Comme les rassemblements ne suffisent pas et que des actions concrètes doivent impérativement suivre les mouvements d'indignation pour obtenir un quelconque résultat, une pétition a été mise en circulation et est, par ailleurs, toujours disponible sur Internet. Le document, qui, dès la matinée, comptait déjà une centaine de signatures, sera transmis au secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication. « En sus, les diverses instances internationales dédiées à la défense des droits des journalistes seront destinataires de cette pétition », a déclaré M. Semmar, invitant ses confrères à débattre et à exposer leurs propositions afin de ne plus réagir au cas par cas. Des journalistes ou des ex-rédacteurs en chef ont pris la parole. « Nous passons nos journées à donner la parole aux syndicats et autres ou à tenter de défendre le pauvre et l'opprimé. Nous nous devons de nous pencher sur nos problèmes aussi », dira l'un des tribuns.