toutes les ambassades implantées en Algérie «seront saisies en vue d'exercer une pression sur le pouvoir algérien». Ils étaient plus d'une centaine à se bousculer, hier dans la matinée, à l'entrée de la Maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Parmi eux, figuraient des personnalités politiques, des animateurs du mouvement citoyen des archs, des membres de la Laddh et son président, Ali Yahia Abdenour, des avocats et des personnalités publiques à l'instar du commandant Azzedine, des journalistes et de nombreux citoyens anonymes. Ils ont tous tenu à dénoncer non seulement «l'incarcération arbitraire» de Mohamed Benchicou du Matin, mais aussi celle de Hafnaoui Ghoul, correspondant à Djelfa du quotidien Djazaïr News. Les proches des deux journalistes incarcérés, dont la mère de Benchicou et le jeune frère de Hafnaoui, étaient également présents à ce rassemblement organisé à l'effet de fustiger cette «grave atteinte à la liberté d'expression» et «l'instrumentalisation de la justice pour museler la presse». Le premier à prendre la parole est le secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), M.Rabah Abdellah, qui informe d'emblée les présents, de la constitution d'un comité national pour la libération de Benchicou et Hafnaoui. Il a lancé un appel au «maintien de la mobilisation jusqu'à ce que soient libérés les deux journalistes et que cesse cette campagne de normalisation de la presse, mise en branle par le pouvoir au point où le droit du citoyen à l'information est aujourd'hui menacé». La mère de Benchicou, entourée des journalistes, visiblement abattue du fait de l'emprisonnement de son fils, ne trouve rien d'autre à dire que ces mots : «Mon fils est le vôtre, il est innocent, priez avec moi pour qu'il soit libéré», dit-elle d'une voix à peine audible. Prenant la parole, Belaïd Abrika du mouvement citoyen des archs n'a pas mâché ses mots : «Nous n'abdiquerons pas. Notre présence aujourd'hui, c'est pour que triomphent les libertés dans notre pays.» «Nous demandons à tous ceux que les Algériens considèrent comme des démocrates de dresser un barrage à la pression exercée sur la liberté de la presse, un des acquis démocratiques d'Octobre 88», poursuit, de son côté, Me Ali Yahia. Le message était destiné aux leaders des formations politiques qui, dans leur majorité (à l'exception du MDS et du FFS) ont brillé par leur absence lors du rassemblement d'hier. «Nous sommes dans un pays où tous les acteurs politiques sont divisés», constate le président de la Laddh. L'emprisonnement de Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, embarqué mardi dernier de l'enceinte même du tribunal vers la maison d'arrêt d'El Harrach pour purger une peine de deux années de prison ferme, ainsi que la mise en détention du journaliste Hafnaoui Ghoul, ces deux arrestations vont produire des impacts notamment sur le plan international, dès la semaine prochaine. Une grandiose manifestation de solidarité avec la presse algérienne se prépare actuellement à Paris. Selon Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, toutes les institutions européennes et l'UE ainsi que toutes les ambassades implantées en Algérie «seront saisies en vue d'exercer une pression sur le pouvoir algérien».