La liberté de la presse en Algérie est en régression spectaculaire. Le rapport 2009 de l'organisation Reporters sans frontières (RSF), qui devrait être publié aujourd'hui, classe l'Algérie à la 141e place sur un total de 175 pays. Notre pays a ainsi perdu 20 places en l'espace d'une année. Ces chiffres, communiqués par le secrétaire général de RSF, Jean-François Julliard, qui était en visite à Alger, révèlent à quel point la multiplication des procédures judiciaires contre les journalistes participe à donner une mauvaise image de l'Algérie. Jean-François Julliard souligne, par ailleurs, que le monopole de l'Etat sur le secteur de l'audiovisuel alourdit le bilan de l'Algérie. L'ouverture du paysage audiovisuel n'a jamais abouti à un renversement du pouvoir. Il est irrationnel de vouloir garder le monopole sur ce secteur », a-t-il affirmé. « Durant ma visite de deux jours à Alger, j'ai eu l'impression qu'il y a peu de raisons d'être rassuré », nous a expliqué hier M. Julliard. Le représentant de RSF se dit « inquiet » des mauvaises conditions dans lesquelles exercent les correspondants régionaux. « Nous avons recensé des cas de censure. Certains journalistes, installés en province, font l'objet de pressions multiples. Ils sont parfois pris à partie », fait-il observer. Depuis sa dernière visite en Algérie, qui date de 2002, J-F Julliard relève que les problèmes des journalistes algériens ont changé au prorata des bouleversements qu'a connus l'Algérie. « En 2002, les journalistes évoquaient surtout les enlèvements et les crimes de la horde terroriste. Aujourd'hui, on se plaint beaucoup plus des pressions économiques. Il semble que les journalistes algériens ont tourné la page des années noires et que le problème s'est déplacé », a-t-il souligné. Le secrétaire général de RSF s'est montré attentif aux conditions matérielles et sociales des journalistes. Même s'il n'a pas pu rencontrer les responsables du secrétariat d'Etat chargé de la Communication, J-F Julliard se dit « satisfait » de sa visite.