Le plus insoutenable bidonville de Mostaganem, dépendant administrativement de la commune de Sayada, est soumis, depuis deux semaines, à une effervescence sans pareille. Quelque 350 familles, qui y vivent dans des conditions d'hygiène déplorables, tant sur le plan sanitaire qu'environnemental, ont eu la plus grosse surprise de leur vie lorsque des représentants de l'administration locale se sont présentés au niveau de ce marécage nauséabond pour dresser une liste des résidents dans l'objectif de leur octroyer des logements. L'opération que certains habitants attendaient depuis des années, au point d'en désespérer plus d'un, était attendue comme un véritable miracle. Mais après l'espoir des premières listes et la remise du fameux récépissé de recensement, ce sera rapidement la grande désillusion. Car sitôt les premiers recensements effectués, la nouvelle d'une délivrance prochaine s'était rapidement répandue à travers la région, attirant plus d'une centaine de nouveaux locataires en l'espace d'une nuit. Ce qui poussa l'administration dans ses derniers retranchements. Du coup, toutes les prévisions seront révisées à la hausse. Si bien que l'opération qui avait été minutieusement préparée s'en retrouve différée, en attendant d'y voir plus clair et de séparer les anciens occupants des nouveaux opportunistes. Le problème avec ces zones de non-droit c'est ce déluge des sans-abris qui affluent de toutes parts, pour peu que l'espoir d'un recasement ne soit pas vain. Revers de la médaille, plus le jour du relogement s'éloigne, plus le nombre de baraques de fortune s'allonge. Il y a un véritable appel d'air dans lequel les parias de toute la région, voire des wilayas limitrophes, s'engouffrent.