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Lui-même a été victime d'un délit de faciès à Paris : Garcia Márquez et le 17 octobre
Publié dans El Watan le 22 - 10 - 2009

Les Algériens n'ont pas été les seules victimes de la répression de la police française le 17 octobre 1961 à Paris. Le délit de faciès a opéré à cette occasion, dans un Paris transformé en grande arène où l'on faisait la chasse à l'homme.
Des étrangers mais aussi de rares Français au teint basané l'ont su à leurs dépens : Gabriel García Márquez, l'auteur colombien des Cent ans de solitude, de passage à Paris, a été pris dans la rafle. Sa moustache raide qui barrait à cette époque déjà un visage de bronzé a plaidé contre lui. Auteur de La Bataille de Paris, Jean Luc Einaudi a indiqué lors d'une rencontre sur le 17 octobre tenue en 2008 à Constantine, que la police française a réagi violement : chargeant par-ci des manifestants et tordant le coup à d'autres qui étaient de passage par-là. « Même des étrangers qui avaient le type maghrébin étaient systématiquement interpellés et embarqués. Un certain Gabriel García Márquez, qui vivait à cette époque là à Paris, a passé une nuit dans un commissariat. Marquez qui obtiendra le prix Nobel de littérature dira qu'il était fier de s'être senti Algérien et d'en avoir subi le même sort », a indiqué Einaudi. L'anecdote rapportée par l'historien renseigne sur la réaction démesurée d'une police qui a tiré dans le tas, dans cette volonté délibérée de casser de l'Arabe.
En 1956 et 1957 et même après, le prix Nobel de littérature a vécu à Paris des années de privation, contraint, comme rapporté dans une biographie autorisée de Gerald Martin (Gabriel Garcia Marquez, une vie, Grasset et Fasquelle, Paris, 2009) à farfouiller dans les poubelles à la rue Cujas au Ve arrondissement de Paris, de mendier quelques centimes pour s'acheter un ticket de métro. Mais aussi se faire tabasser dans une ville où il affirme avoir mangé de la « merde ». La ville Lumière n'est pas seulement les paillettes et les bateaux-mouches.
Marquez a été correspondant d'El Espectador, à Genève, Rome et Barcelone et Paris où il connaîtra le commissariat. En 1958, il part en Allemagne de l'Est, revient à Paris puis rejoint Londres avant de retourner en Colombie où il épouse Mercedes Barcha Pardo, son égérie. En 1961, l'auteur, qui a la bougeotte part s'installer à Mexico, y écrit des scénarii vite oubliés, des nouvelles décousues sans grand intérêt et y commence quatre ans plus tard la rédaction de son livre qui le fera apprécier de la critique et des lecteurs : Cent ans de solitude (Cien años de soledad), récit touffu d'une famille vivant contrite dans une ville imaginaire, publié en 1967 à Buenos Aires. Celui que ses nombreux aficionados surnommaient « Gabo » s'est retrouvé plus de dix ans après, non pas malmené à Paris mais à Alger où une image entrevue à l'aéroport lui inspira un passage de son livre, Chronique d'une mort annoncée.


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