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Feu de braise
Publié dans El Watan le 22 - 10 - 2009

Sa voix nous est parvenue au mois d'avril 1957, en pleine bataille d'Alger, trahissant du coup l'originalité d'un poète au rythme inhabituel, mais calme et mesuré. Nous étions en classe, occupés à commenter, avec fougue, les récents combats contre l'armée française dans l'Algérois, et notre maître de langue arabe crut bon de nous faire lire, en cachette, un poème, à l'allure révolutionnaire intitulé Chanson africaine.
Pour nous, qui étions déjà en contact quotidien et direct avec la poésie arabe classique, ce fut une véritable révélation. Le nom de Mohamed El Fitouri vint alors s'ajouter à la longue liste des poètes arabes depuis l'époque préislamique jusqu'au tunisien Echabbi, dont l'imagerie nous semblait fortement polysémique. Bien que la notice biographique sur la dernière page du recueil disait de lui qu'il était né au Soudan, il avait en fait déjà vadrouillé dans plusieurs villes et capitales arabes : Alexandrie, Beyrouth, le Caire et Rabat avant de reprendre sa nationalité d'origine, libyenne, celle de son grand-père qui avait pris la tangente vers le Sud. El Fitouri, essentiellement poète arabe et africain au départ, avait surtout chanté l'Afrique, les mouvements de libération et la bataille rangée menée par les hommes de couleur, en Amérique et dans les anciennes colonies pour se « soustraire à la botte du maître ». Sa voix devint plus riche encore au fur et à mesure de ses différents séjours dans les pays du Moyen-Orient. On le vit, à Al Marbid, au sud de l'Irak, dans les années soixante-dix, déclamer son fameux poème Les amoureux se donnent rendez-vous à Baghdad. C'était l'époque où les pays arabes avaient adopté une ligne politique de rigueur à l'égard du sionisme et des menées américaines dans tout le Moyen-Orient. Néanmoins, et comme tout poète épousant de près les contours de son temps et de sa société, sa poésie prit une autre teinte, comme pour se dédouaner d'un certain pessimisme malveillant qui avait commencé à faire des siennes dans tout le Machrek à la suite de la défaite de juin 1967.
Je fis sa rencontre, en juillet 1969, à Alger, à l'occasion de la tenue du premier Festival panafricain. L'humanité entière était alors au rendez-vous avec un évènement scientifique de haute voltige, à savoir l'alunissage d'Apollo avec à son bord une équipe humaine. Les regards étaient braqués sur les postes de télévision alors que lui semblait distrait, ou peut-être, déçu par l'aspect exact et rigoureux que prenait la Lune elle-même après avoir été longtemps considérée comme source d'inspiration pour les poètes. Sans me présenter, je lui dis tout de go : « Monsieur Fitouri, cela fait une belle distance entre la bataille d'Alger et celle que mène l'humanité pour conquérir la Lune ! » Me dévisageant avec les yeux d'un enfant, il fit un geste en arrière en s'approchant du grand poète égyptien Salah Abdessabour comme pour se tailler un petit refuge. C'est alors que je me mis, devant son étonnement, à réciter son grand poème Chanson africaine, et comme une vague reprenant son mouvement initial, il reprit sa première place face à moi, avec le sourire d'un homme comblé : well, fine, you know my poetry by heart ! La vérité poétique, comme vous le savez, Monsieur Fitouri, peut hiberner des siècles, mais elle arrive en fin de compte à relever sa tête, à reprendre vie. Je crois que c'est ce qui arrive aujourd'hui ! Ce grand homme de lettres compose aujourd'hui ses poèmes, mais n'arrive plus à les écrire sur papier. Son bras l'a trahi à la suite d'un accident cardiovasculaire. Et dire qu'il avait dit un jour qu'« il n'était venu au monde que pour allumer un feu de braise au Moyen-Orient ! »


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