La menace brandie par le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, devant les travaux de l'Organisation panarabe au Caire, de revoir les accords de paix liant certains pays arabes à Israël a-t-elle quelque chance d'être entendue et suivie ? Rien n'est moins sûr. Ce n'est pas la première fois que la Ligue arabe enfourche ce cheval de bataille bien usé pour empêcher les Israéliens de craindre un retournement de leurs solides alliances scellées avec certains régimes arabes sous les conseils avisés (pression) des Américains. Un classique qui montre le caractère inopérant et obsolète de cette organisation qui a toujours subi les défis, les crises et les humiliations auxquels fut et se trouve confronté aujourd'hui encore le Monde arabe. Le conflit palestinien résume bien cette mauvaise conscience arabe hypocritement convoquée par l'actualité mais vite oubliée et évacuée des débats à l'épreuve des rivalités interarabes. La question de la riposte arabe face aux agressions israéliennes, même lorsque l'escalade militaire prenait des tournures génocidaires, fait partie d'un temps désormais révolu. Après avoir enlevé aux Arabes toute capacité de défense commune militaire en s'imposant comme une puissance militaire régionale qui a remodelé le rapport de force dans la région grâce au puissant soutien américain, Israël joue désormais sur du velours et en solo dans le traitement du conflit du Moyen-Orient. En cherchant à imposer par la force des armes ce qu'elle n'a pu obtenir par la diplomatie, qu'elle n'hésite pas à torpiller chaque fois que la cause palestinienne enregistre des avancées sur le terrain. Comme cette perspective de l'admission de la Palestine en qualité d'Etat observateur non membre de l'ONU que l'Autorité palestinienne compte bien faire passer, le 29 novembre, devant les instances onusiennes. N'était la crainte d'affronter la colère de leurs opinions publiques, nombre de régimes arabes inféodés aux Américains n'auraient pas hésité à se jeter dans les bras d'Israël en suivant l'exemple de l'Egypte et de la Jordanie qui ont normalisé, sous une forme ou une autre, leurs relations avec Israël. Qu'il est loin le temps où les armées arabes faisaient trembler Israël ! C'était du temps de Boumediène et de Nasser, auxquels l'histoire a donné raison quant à leur conviction jamais démentie par l'évolution du conflit isrélo-palestinien que le rétablissement de la paix dans la région passe inéluctablement par la guerre. Ironie de l'histoire : hier poste avancé du combat du Monde arabe pour la libération de la Palestine, l'Egypte post-nasserienne, de Sadate au nouveau pouvoir des Frères musulmans de M. Morsi, n'a rien d'autre à offrir aux Palestiniens qui tombent sous les raids des bombardements israéliens que sa médiation politique pour l'obtention d'une trêve des combats. Le changement de régime en Egypte, présenté comme un mauvais présage pour les accords de paix signés entre Israël et l'Egypte, n'a pas fait oublier la duplicité de Sadate et de Moubarak avec Israël. Les autres pays arabes ne font guère mieux, se contentant des mêmes incantations et des mêmes réactions de réprobation et de dénonciation qui n'ont pas fait avancer d'un iota la cause palestinienne depuis le piège des Accords d'Oslo. Le ballet des officiels arabes à Ghaza, du secrétaire général de la Ligue arabe, des émissaires des gouvernements tunisien et égyptien ne changera rien à la donne palestinienne.