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« Le viol des femmes et des hommes est monnaie courante dans les geôles marocaines »
Abdeslam Omar Lahssan-Président de l'Association des familles des prisonniers disparus sahraouis
Publié dans El Watan le 24 - 10 - 2009

Abdeslam Omar Lahssan occupe la charge de président de l'Association des familles des prisonniers disparus sahraouis, une organisation qui existe depuis 20 années. Dans l'entretien qui suit, il apporte des témoignages à la fois poignants et effrayants sur la situation des droits de l'homme qui prévaut dans les territoires sahraouis occupés et la manière avec laquelle sont traités les détenus politiques sahraouis dans les geôles marocaines.
Propos recueillis dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf
Quelles est actuellement la situation des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés ?
La séquestration du groupe de Ali Salem Tamek (le groupe est constitué de 7 activistes sahraouis) confirme que le Maroc a bien replongé dans l'atmosphère macabre et terrifiante des années 1980 et 1990, une période marquée par une répression sauvage des opposants, des militants des droits de l'homme et des activistes sahraouis. Comme à cette époque, les forces d'occupations marocaines ont commencé à traduire devant les tribunaux militaires toutes les personnes qui osent exprimer des idées et positions contraires aux thèses officielles. Pour vous donner une idée de la gravité de la situation, sachez que nous avons enregistré entre le mois d'août et le mois de septembre 2009 plus de 77 cas de violations des droits de l'homme. Je vous le confirme, il y a véritablement une reprise des violations massives des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. Je vous rappelle aussi que nous restons toujours sans nouvelles de plus 500 civils et de 151 combattants sahraouis capturés par les troupes coloniales marocaines. Celles-ci continuent à nier leur existence.
Enregistrez-vous des atteintes à l'intégrité physique des personnes ?
Je vous le confirme. Plus que cela, la torture s'y est banalisée depuis longtemps. Cela est devenu monnaie courante. Des victimes signalent même des cas de viols. Les dénonciations proviennent aussi bien des femmes que des hommes. En réalité, ce phénomène existait depuis longtemps dans les territoires sahraouis occupés mais les victimes, pour des raisons liées aux coutumes, n'osaient pas en parler. Depuis peu, les choses commencent à changer. De plus en plus de victimes n'hésitent plus à en faire part comme c'est le cas de Hayat Erguiba et de Mohamed Salem Bouamoud. La torture et le viol sont des pratiques très répandues dans les territoires sahraouis occupés.
Avez-vous des nouvelles des 7 activistes sahraouis arrêtés au début du mois par les autorités marocaines ?
Nous avons appris qu'ils allaient être traduits devant un tribunal militaire. Ils sont incarcérés actuellement à la prison militaire de Salé qui est située près de Rabat. L'acharnement dont sont victimes ces 7 activistes sahraouis correspond, selon les informations que nous avons pu recueillir, à une nouvelle approche qui est dictée depuis le palais royal. Sinon, comment expliquer que ces personnes ont quitté le Maroc sans que personne ne trouve à redire et que les choses ont commencé à se gâter pour eux au moment de leur retour ? Vous devez savoir qu'ils ont été la cible d'une violente campagne de dénigrement menée par la presse, les partis politiques toutes tendances confondues et les associations dites de la société civile. Seules les véritables ONG dignes de ce nom, comme l'association marocaine des droits de l'homme, ont dénoncé leur séquestration et la campagne de dénigrement dont ils ont fait l'objet.
Et au niveau international y a-t-il eu des réactions ?
Oui. Nous nous réjouissons d'ailleurs du soutien de nombreuses organisations internationales. Des déclarations en faveurs des détenus politiques en général et des sept (7) activistes arrêtés en particulier ont été rendues publiques sur tous les continents. Amnesty international, la fondation Kennedy, Front line basée à Dublin, l'observatoire pour le respect des droits de l'homme au Sahara occidental basé en Espagne ont tous condamné la séquestration des activistes sahraouis. En plus des ONG de défenses des droits de l'homme, des partis politiques commencent aussi à prendre conscience de la gravite de la situation. C'est le cas de la gauche unie espagnole qui vient d'ailleurs de dénoncer avec véhémence la situation des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés.
Dans quelles conditions sont incarcérés les prisonniers sahraouis. Leurs familles ont-elles le droit de les visiter ?
D'après les témoignages que nous recueillons de manière régulière, la situation dans les prisons marocaines est terrible. Les prisonniers sahraouis vivent dans des conditions affreuses. Un très grand nombre de personnes sont entassées dans un espace très réduit. Il n'y a pas d'hygiène. Ils ne reçoivent qu'un litre d'eau par jour pour satisfaire tous leurs besoins. La situation est cauchemardesque. En plus de ces conditions intenables, les prisonniers sahraouis sont torturés, humiliés et insulté. De plus, ils sont placés avec les prisonniers de droits communs marocains. Pour les empêcher de communiquer entre eux et pour faire en sorte à ce que les familles ne puissent pas se regrouper pour leur rendre visite, les prisonniers sont éparpillés à travers plusieurs prisons. Ils sont incarcérés non seulement dans les territoires occupés dans la prison noire mais également dans la prison d'Aït Melloul à Kenitra, de Benslimane à Casablanca et de Salé à Rabat. Ce sont des pratiques du Moyen-âge. Cette situation inadmissible doit être dénoncée et principalement par les Nations unies qui ont une responsabilité énorme dans ce dossier. Je tiens à vous rappeler que la Minurso qui existe depuis 18 ans s'est montrée non seulement incapable de réaliser son principal objectif mais elle ne fait rien également pour faire respecter les droits de l'homme au Sahara occidental
Et les ONG de défense des droits de l'homme ont-elles le droit de rendre visite aux prisonniers politiques sahraouis ?
Jusqu'à maintenant, aucune d'elles n'a pu accéder aux prisons marocaines où sont incarcérés les Sahraouis. Cependant, les procès politiques ont permis d'ouvrir une petite brèche. Des juristes et des avocats ont pu y participer en tant qu'observateurs internationaux. Du coup, nous avons pu avoir des informations concrètes sur les conditions de leur déroulement. Maintenant, nous avons la certitude - et c'est là un avis soutenu par les experts - que ces procès n'offrent pas les conditions minimums pour qu'ils soient équitables. Le constat est valable pour tous les cas qu'ils ont suivis.
Pensez-vous que la Minurso a un rôle à jouer pour éviter la poursuite de telles dérives ?
Vous savez, lorsque nous nous adressons à la Minurso, on nous répond qu'ils sont prêts à s'occuper de la question des droits de l'homme à condition d'avoir un mandat du conseil de sécurité. Sachez que le conseil de sécurité a été saisi du dossier à maintes reprises. Dernièrement, le Costa Rica a proposé d'élargir le mandat de la Minurso à la protection et à la surveillance des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc. La proposition a eu l'appui de la majorité des Etats membres. Malheureusement, la France s'est interposée et s'est opposée à l'adoption de la résolution. Il est aisé de constater que les véritables responsables de la crise humanitaire que vit le peuple sahraoui sont la France et le gouvernement espagnol. Cela se vérifie à travers leur complaisance et leur complicité avec l'occupant marocain. Ces deux pays ne se gênent pas aussi à soutenir économiquement et militairement l'occupant. Ils ont une conception des droits de l'homme à deux vitesses. C'est grave ! Nicolas Sarkozy n'hésite pas à défendre le cas de prisonniers en Colombie et sous d'autres cieux. En revanche, il ne dit rien sur ce qui se passe au Sahara occidental. La remarque vaut également pour le gouvernement espagnol qui s'est prononcé en faveur du respect des droits de l'homme en Birmanie mais qui ne s'est jamais prononcé sur la situation au Sahara occidental. Je vous rappelle que l'Espagne est coresponsable de la terrible situation que vit aujourd'hui le peuple sahraoui. Sans un changement de position de ces pays, le Maroc se sentira encouragé et continuera à violer, en toute impunité, les droits de l'homme.
Quelles sont aujourd'hui les principales revendications de l'association que vous présidez ?
Nous venons de lancer une campagne internationale pour le respect des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés et la libération des prisonniers politiques sahraouis. Dans ce cadre, nous avons rappelé les graves violations commises depuis le début de l'invasion. Jusqu'à aujourd'hui, sachez que nous avons recensé 4500 cas de disparitions forcées et 25 000 cas de détentions arbitraires. Ajouté à cela, plus de 200 000 personnes ont été déplacées par la force. 160 000 réfugiés vivent ici (Tindouf, ndlr) dans les camps de réfugiés. Les autres sont éparpillés à travers les pays limitrophes tels la Mauritanie et l'Espagne. Nous rappelons aussi que des milliers de personnes ont été massacrées durant les premières années de la colonisation. Comme vous le savez, l'agression marocaine s'est traduite par une politique génocidaire. A côté de cela, la Minurso coûte plus de 50 millions de dollars annuellement à la communauté internationale. Celle-ci qui est toujours aussi généreuse avec la Minurso trouve néanmoins des difficultés à obtenir les 25 millions de dollars (cela représente la moitié du budget alloué pour maintenir les 218 Casques bleus qui ne font absolument rien) nécessaires à la survie de tout un peuple dans les camps de réfugiés. Nous mettons également en relief la responsabilité de la France et de l'Espagne. Nous montrerons comment ces pays n'ont pas hésité à sacrifier tout un peuple pour sauvegarder leurs intérêts.
Expliquez-vous...
Avant de s'en aller en 1975, l'Espagne a obtenu toutes les garanties pour exploiter notre phosphate et pêcher impunément durant 20 années près de nos côtes. La France a veillé aussi à ses intérêts. Cela explique pourquoi ils sont si complaisants à l'égard du Maroc. En outre, sachez que le Maroc tire chaque année 6 milliards d'euros de bénéfice de sa présence coloniale au Sahara occidental, ce qui représente une somme qui peut permettre de faire vivre durant 300 années les camps de réfugiés. Face à la dégradation continue de la situation, nous exigeons une nouvelle fois la libération de tous les défenseurs des droits de l'homme et de tous les prisonniers politiques sahraouis, l'arrêt de la répression et des agissements humiliants commis par les forces occupantes au Sahara occidental. Nous redemandons avec insistance à ce que la Minurso puisse avoir les prérogatives pour veiller au respect des droits de l'homme. Sinon, il faudrait que la communauté internationale et les Nations unies principalement prennent leurs responsabilités et créent un mécanisme de surveillance et de protection au Sahara occidental. Ainsi que l'exigent le haut commissariat aux droits de l'homme et la commission ad hoc du Parlement européen, nous demandons à ce que les violations des droits de l'homme soient intimement liées avec la négation par le Maroc du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Donc nous insistons pour qu'il y ait une véritable pression et une campagne pour contraindre le Maroc à respecter la légalité internationale et permettre au peuple sahraoui de s'exprimer à travers un référendum d'autodétermination.


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