Risques n Sept organisations de défense des droits de l'Homme ont déposé une plainte administrative pour dénoncer la vente d'armes par le gouvernement espagnol au Maroc. C'est la première fois dans l'histoire de l'Espagne qu'une plainte de cette nature a été présentée contre la vente d'armes à un pays étranger, selon les plaignants qui ont exigé du gouvernement socialiste de Zapatero de «respecter la loi», de se conformer aux conventions internationales et de cesser de vendre de l'armement au Maroc. La plainte a été enregistrée vendredi dernier, au ministère de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, lequel est l'instance chargée d'autoriser, de s'opposer aux exportations de l'armement espagnol à l'étranger ou de révoquer les autorisations déjà accordées. Cette dénonciation est basée sur la loi sur le commerce des armes, approuvée en décembre 2007, selon laquelle l'Etat espagnol doit tenir compte du code de conduite de l'UE et ne doit pas, par conséquent, vendre de l'armement à des pays en conflit et qui violent les droits de l'homme, notamment. Pour l'avocate espagnole, Ines Miranda, membre de l'Association internationale des juristes pour le Sahara occidental (Aijso), le Maroc ne répond pas aux critères fixés puisqu'il «viole les droits de l'homme, constitue un risque pour la stabilité dans la région et ne respecte pas le droit international, et l'acquisition d'armes occasionne un grave déséquilibre dans son économie», a-t-elle affirmé. L'avocate de la militante sahraouie, Aminatou Haïdar, a ajouté que le Maroc est «l'exemple typique et visible» de ce profil, car, a-t-elle expliqué, «depuis 1975, il occupe de manière violente le Sahara occidental séparé par un mur militarisé plus long que celui de Berlin, et ne respecte aucune convention internationale».«Le Maroc est l'exemple le plus clair de pays qui ne doit bénéficier d'aucune licence ni autorisation de vente d'armes de la part de l'Espagne», a affirmé Ines Miranda, appelant dans ce sens les autorités de son pays à «n'accorder aucune de ces autorisations tant que le Maroc persiste à violer systématiquement les droits de l'homme, à reconsidérer et annuler les licences déjà accordées et à respecter la loi dans ce domaine». Pour sa part, le président de l'Association des familles de prisonniers et disparus sahraouis (Afapredesa), Abdeslam Omar, a dénoncé le Maroc qui «utilise les armes que lui vend l'Espagne pour réprimer la population civile sahraouie dans les territoires occupés». «Cela pourrait être interprété comme un signe d'encouragement pour perpétuer cette situation de violation des droits de l'homme, particulièrement à un moment où le Maroc continue d'arrêter, de manière arbitraire, des dizaines d'activistes et de défenseurs des droits de l'homme, dont 31 sont en grève de la faim depuis plus de 24 jours», a-t-il ajouté. La plainte a été adressée également aux membres du Conseil interministériel espagnol chargé des exportations, au président permanent de l'UE, au Parlement européen, au Haut-Commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, au président du Conseil de sécurité de l'ONU et à son secrétaire général, Ban Ki-moon, selon les plaignants. Elle a été déposée, entre autres, par la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (Cear), l'Association des familles de prisonniers et disparus sahraouis (Afapredesa), l'Association de défense des droits de l'homme d'Espagne (Apdhe)….