Les sahraouis ont interpellé l'union européenne sur le sort de 150 combattants qui se trouvent dans les geôles du royaume chérifien. Les autorités de la RASD ont annoncé, hier, la libération de 100 prisonniers de guerre marocains. L'annonce a été faite, après l'arrivée d'une importante délégation irlandaise, conduite par Tom Kitt, ministre-délégué chargé de la coopération, du développement et des droits de l'Homme. Ce nouveau contingent porte à 1 843 le nombre de prisonniers de guerre marocains, qui ont été libérés unilatéralement par le Front polisario. Pour le mouvement indépendantiste sahraoui, la décision de relâcher la centaine de prisonniers marocains est d'abord un “geste humanitaire”, qui intervient alors que le Maroc continue à “bloquer toutes les voies d'une solution juste et définitive” du problème du Sahara occidental. Dans un communiqué rendu public, hier, le Polisario interpelle la République d'Irlande, qui préside actuellement l'union européenne, sur le sort des 150 combattants sahraouis et de plus de 500 disparus civils sahraouis. Il lui demande également de s'impliquer pour que soit mis en application, “dans les meilleurs délais”, le plan de paix pour l'autodétermination du peuple sahraoui, qui a été adopté à l'unanimité par le conseil de sécurité de l'ONU, un certain 31 juillet 2003. De l'avis des réfugiés sahrouis approchés, hier, la décision de libérer 100 prisonniers de guerre marocains est un message délivré à l'Irlande et à l'Union européenne, dont certains Etats chercheraient à se démarquer de la position française, qui ne cache point son soutien aux thèses expansionnistes marocaines sur le Sahara occidental. De son côté, l'association des familles de prisonniers et disparus sahraouis (Afapredesa), a initié, hier, un rassemblement dans le camp de Smara, une manière d'interpeller les instances onusiennes et l'opinion publique internationale, sur la situation des prisonniers et des citoyens sahraouis en général, vivant dans les territoires occupés du Sahara occidental. L'ONG sahraouie a été reçue par M. Kitt, à qui elle a transmis une lettre, pour exprimer sa frustration devant l'absence de contrepartie à la libération de prisonniers de guerre marocains. L'Afapredesa, qui se réjouit de la libération des 100 marocains, tient pourtant à préciser qu'ils sont des “soldats de l'armée d'occupation”, laquelle est “responsable de l'exil forcé” des populations sahraouies. Elle se dit préoccupée par la situation dans les territoires occupés, se caractérisant notamment, par “les détentions arbitraires” et “la pratique systématique de la torture”. L'ONG estime que le peuple sahraoui doit recourir à son “droit légitime de se défendre”, car “il vaut mieux mourir dignement que vivre en esclave”. L'organisation présidée par Abdeslam Omar Lahsen précise encore : “Nous ne voulons ni pitié ni compassion, nous cherchons seulement la vérité et la justice. Nous ne voulons plus de promesses qui ne se réalisent pas, nous voulons seulement jouir de notre droit de choisir démocratiquement notre destin.” Il est à rappeler que la visite de la délégation irlandaise intervient après celle effectuée, le 3 juin dernier, par une importante délégation espagnole, conduite par le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. H. A.