La section des mineurs, relevant du tribunal de Tiaret, a instruit la semaine dernière, une affaire pour le moins cocasse mais qui illustre toute la problématique de la protection de l'enfance dans notre pays. On n'en veut point à la justice qui n'a fait qu'appliquer la loi, il est vrai selon la conscience de chacun des juges face à des actes répréhensibles mais il est des affaires, pour le moins originales dont on pouvait faire l'impasse et les résoudre dans un cadre approprié loin des surenchères. N'est-ce pas messieurs les législateurs ? Accusé d'avoir cogné un de ses jeunes congénères et non moins voisin, Imad qui s'en sort avec seulement deux points de suture, Mahfoudh a été, après audition par la police, présenté devant la juridiction compétente, celle des mineurs en l'occurrence. Bien qu'il s'en sort avec une relaxe après avoir été innocenté et après deux reports, Mahfoudh qu'on a rencontré dans les couloirs du palais de justice courant par- ci, par- là symbolisait tout ce que l'enfance a d'innocence. La compassion des juges, assesseurs et avocat commis d'office ont été plus que perceptibles. En attendant les délibérations , Mahfoudh venait de passer de longues heures, avec son père éreinté, à exiger l'achat de ballons sur fond de câlins à vous faire haïr ce monde. Un monde où les gens trouvent le moyen de traîner un gosse devant la justice alors qu'un accord à l'amiable aurait pu dénouer la crise entre personnes adultes et éviter une haine féroce. Le père Safa, qui vit avec sa progéniture dans le populeux quartier de Sonatiba, nous apprendra que le soir même du fatal acte, Mahfoudh s'est retrouvé en train de jouer avec sa victime Imad, tous deux innocents mais otages d'un mal-vivre collectif que nos sociologues, urbanistes et même juristes devraient s'en inquiéter.