Les dossiers des enfants démunis seront pris en charge gratuitement à tous les niveaux, y compris de la justice. La situation de l'enfance en Algérie est au trente-sixième dessous. Et les chiffres ne manquent pas pour en témoigner. Un million d'enfants de moins de 18 ans travaillent dont la moitié a moins de 16 ans. Sur ces derniers, 300.000 ne vont pas à l'école. Près de 600.000 présentent une malnutrition. Ces chiffres ont été révélés, hier, par le Pr Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). Intervenant lors de l'installation du comité scientifique de l'Observatoire des droits de l'enfant (ODE), il ajoute que 21.000 enfants abandonnés ont été recensés sur les 5 dernières années. Le nombre des enfants de la rue est estimé entre 15.000 et 20.000. Aussi, 10.000 cas de maltraitance ont été relevés en 2006. Des chiffres inquiétants qui renseignent bien du degré de prise en charge de cette frange de la société dans notre pays. Le Pr Khiati remet en cause l'arsenal juridique existant. Raison pour laquelle il propose de remplacer la loi sur la protection de l'enfance par un Code de l'enfance. Pour lui, ce Code serait la matrice de toutes les autres lois relatives, notamment à la protection de l'enfant et la prévention des atteintes susceptibles de lui être portées. Autrement dit, le Code, tel que proposé par le président de la Forem, portera également sur le côté juridique avec tout ce que cela implique, naturellement, comme respect et droit. Un aspect que l'Observatoire compte sérieusement prendre en charge. Car, les affaires enregistrées dans le cadre de la délinquance juvénile sont importantes. Le conférencier indique que 15.000 dossiers sont présentés annuellement devant la justice et près d'un millier d'enfants sont en prison. Pour l'année 2006, 20 mineurs ont été condamnés pour des crimes de sang. Et c'est justement dans ce cadre qu'une convention a été signée, hier, entre cette institution et l'Union nationale des barreaux et bâtonniers d'Alger. Le Pr Khiati explique qu'il s'agit de la prise en charge gratuite des dossiers d'enfants démunis, à tous les niveaux y compris celui de la justice. Pour revenir au comité scientifique de l'ODE, son rôle est de continuer, et de valider les études, déjà réalisées, notamment sur les enfants abandonnés, les enfants de la rue, les fléaux sociaux (drogue, tabac...), la délinquance juvénile. Cependant, selon le président de la Forem, le comité se focalisera particulièrement sur la jeunesse et ses problèmes. «Ce problème prend de l'ampleur. Pratiquement chaque jour, l'on enregistre des cas de harragas, signe de l'existence d'une crise de confiance et de désespérance pour nos jeunes», soutient le Pr Khiati. Le comité est composé de 30 personnes de haut niveau, notamment des médecins, des psychologues, des avocats, des magistrats, pour permettre une prise en charge efficace de cette problématique. Le conférencier estime que certains travaux réalisés dans ce sens ont été pris en considération. Il cite, notamment l'exemple du projet de loi sur la protection de l'enfance. «Nous avons émis des réserves sur ce projet et jusqu'à présent, il n'a pas été encore présenté à l'APN», dit-il. Le Pr Khiati souhaite également avoir un plus grand soutien de la Dgsn et de la Gendarmerie nationale. Il n'a pas manqué de relever «le non-soutien des pouvoirs publics, notamment le ministère de la Solidarité nationale qui ne les a pas soutenus, ni financièrement ni dans leurs activités et études». Selon lui, «le département de Ould Abbès ne veut pas dépasser le stade du débat terre à terre au profit d'un débat plus important et à un niveau plus élevé sur le sujet». Il parle ainsi de l'urgence d'harmoniser les interventions des pouvoirs publics en matière de législation.