Le tribunal de Sidi M'hamed à Alger a eu à traiter hier de plusieurs affaires liées à la presse. Le fait marquant, lors de cette séance, était le report par le président du tribunal de tous les procès programmés pour la journée. Ainsi, l'affaire opposant le ministère de l'Intérieur et la DGSN aux directeurs des publications d'El Khabar et d'El Watan ainsi qu'à la journaliste Salima Tlemçani a été reportée au 19 octobre. L'autre procès qui a suscité un intérêt particulier est celui opposant le ministère de la Défense national au directeur de publication du quotidien Le Matin. L'affaire a été renvoyée au 9 novembre en raison de l'absence de Mohamed Benchicou, incarcéré pour une autre affaire. Pour ce dossier, le président du tribunal a demandé « l'extraction » du directeur du journal Le Matin. L'autre procès reporté oppose les directeurs des quotidiens Le Matin et Le Soir d'Algérie à M. Mohamed Bejaoui, président du Conseil constitutionnel. Cette démarche basée sur les reports a fait réagir un avocat présent au tribunal qui s'est interrogé si cette action ne procède pas d'une volonté d'apaisement. Me Miloud Brahimi le sentiment est partagé par la plupart des avocats de la défense a soutenu que la décision de reporter tous les dossiers relatifs à la presse est un signe qui va dans la détente. « C'est une manière de calmer les esprits, de laisser le temps passer et surtout d'apaiser la situation », a affirmé Me Brahimi, qui est convaincu que cette démarche va en droite ligne avec les propos tenus par le ministre de la Communication, M. Haïchour, lors de la réunion qui l'a regroupé dimanche dernier avec les éditeurs. Optimiste, Me Brahimi a félicité la nouvelle approche du ministre auprès la presse. « Je constate avec beaucoup d'espoir que le pouvoir a compris qu'il faut privilégier le dialogue au lieu et place de l'affrontement. Je suis à l'aise pour demander à mes amis de la presse de saisir la main qui leur est tendue. » Me Khaled Bourayou, méfiant, espère que cette procédure vise réellement l'apaisement et que le pouvoir joue la carte de la paix avec la corporation journalistique afin d'améliorer leur situation socio-professionnelle. Un autre avocat abonde dans le même sens et a tenté de lier le report de tous les procès avec une célérité inhabituelle aux déclarations faites par M. Haïchour à l'encontre des éditeurs dimanche dernier. Le ministre, selon notre interlocuteur, s'est montré en homme réconciliateur et veut, apparemment, travailler en collaboration avec les gens de la presse. « M. Haïchour a tenu à rassurer les responsables de la presse quant à sa volonté d'aller dans le sens de la consécration davantage de la liberté d'expression, et ce, en mettant en place les lois appropriées et les mécanismes exigés à même de protéger le journaliste et sa profession. Le ministre a voulu en quelque sorte rétablir la confiance entre la tutelle et la base », dira-t-il en tenant à faire remarquer que le ministre, en décidant de tenir un tel langage, avait, il est plus claire le feu vert du pouvoir. D'ailleurs, dans la foulée, il avait précisé qu'il préconisait la réconciliation nationale afin de rétablir les bons rapports entre le pouvoir et la presse. « Ce qui s'est passé aujourd'hui est une preuve que le pouvoir cherche l'apaisement et veut faire la paix avec la presse, c'est du moins le message qu'il a voulu passer à travers cette action. » Sur un ton humoristique, un avocat lance : « Ils ont décidé de faire la paix avec la presse uniquement pour ne pas nous perturber nos vacances et les leurs », dira-t-il. Toutefois, il espère que cette décision, ainsi que l'initiative du ministre de débattre avec les éditeurs émanent d'une réelle volonté d'ouvrir le dialogue et de laisser la presse faire son travail loin de toutes les pressions, cependant, les gens de la presse doivent respecter les règles de la déontologie et d'éthique.