La Coordination nationale des conseils des ports a dénoncé, hier, son exclusion de la réunion prévue pour lundi prochain entre les responsables du ministère des Transports et ceux des trois ports pétroliers et de la Société de terminaux à hydrocarbures (STH) de Sonatrach. Elle menace de recourir à des piquets de grève. Selon elle, la cession des activités des trois ports à la STH causera la perte de près de 3000 emplois. Décidément, rien ne va plus dans le secteur portuaire. Au moment où le port d'Alger, privé de conseil syndical, vit une situation des plus difficiles avec la mise au chômage de centaines de journaliers, les trois ports pétroliers de Béjaïa, Skikda et Arzew sont sur le point de perdre une grande partie de leurs activités, cédées à la STH, créée par Sonatrach pour prendre en charge les activités d'amarrage, d'accostage et de pilotage. Pour le coordinateur national des conseils des ports, Dris Belbraïk, ce sont pas moins de 3000 travailleurs qui perdraient leur emploi au cas où la STH s'approprierait les activités des trois ports. Selon lui, la STH a pris les prestations les plus rentables de ces entreprises, c'est-à-dire le remorquage à Arzew et à Skikda, alors que Béjaïa se verra relégué au statut de prestataire de service. « Le bradage des activités principales des ports pétroliers va mener les entreprises à la mort, sachant que les hydrocarbures constituent 100% des activités à Arzew, 20% à Béjaïa (80% concernent la manutention) et 50% à Skikda », explique M. Belbraïk, qui regrette que les négociations autour de cette cession des activités au profit de la STH n'aient pas été menées en concertation avec le partenaire social. Les PDG des trois ports ont été conviés à une réunion avec les responsables du ministère des Transports et ceux de la STH. « En tant que partenaire social, nous avons le droit de prendre part à toutes les décisions qui touchent à l'avenir des travailleurs. Nous refusons cette exclusion et nous comptons nous déplacer lundi au ministère pour obliger les responsables à nous entendre », déclare M. Belbraïk. D'un ton coléreux, ce dernier exprime son refus de toute décision émanant de cette réunion au cas où elle se tiendrait sans les représentants syndicaux. « Nous allons faire le forcing sur les lieux et si le ministère persiste à nous exclure, nous appellerons à des piquets de grève et à de protestation dans les trois ports pétroliers », dit-il. Selon lui, les travailleurs sont dans une véritable tourmente. « Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Ils voient leur avenir professionnel menacé et ils n'ont aucune explication. Si Sonatrach est intéressée par les activités des ports pétroliers, elle n'a qu'à les prendre en gestion, avec leur matériel et leurs travailleurs. Pourquoi priver les entreprises de leurs activités les plus rentables, sacrifier des milliers d'emplois, alors que des solutions moins coûteuses existent ? Il suffit juste d'écouter les plus concernés. Nous avons demandé audience au ministre des Transports et au Premier ministre et, à ce jour, aucune réponse ne nous est parvenue. C'est le silence total. Nous refusons la mise au chômage de 3000 employés. Tout le monde est conscient de l'enjeu et il suffit d'un rien pour que les travailleurs occupent la rue ou paralysent le secteur pour préserver leur gagne-pain. La situation est vraiment alarmante. Elle risque même de nous échapper », explique le coordinateur. M. Belbraïk regrette que « même le secrétaire général de l'UGTA n'ait pu trouver du temps pour recevoir une délégation de la coordination, aborder les graves problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs du secteur portuaire, parmi lesquels le refus d'autoriser l'assemblée générale pour l'installation d'un nouveau conseil syndical au port d'Alger et les conséquences inquiétantes des mesures d'interdiction de la marchandise non conteneurisée dans ce port sur l'entreprise ». Autant d'ingrédients qui font que la situation dans les ports est explosive...