Sale temps pour la firme indienne Grand Smithy Works (GSW), une entreprise de droit algérien qui sous-traite avec ArcelorMittal le traitement de la ferraille de masse. Déjà éclaboussée par plusieurs scandales, GSW revient encore une fois au-devant de l'actualité. Elle a fait l'objet d'une lettre de dénonciation adressée, hier, au directeur régional des impôts de Annaba, dont l'auteur est le syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal. Selon ce document portant le sceau de la confidentialité dont nous détenons une copie, le signataire, Smaïl Kouadria, secrétaire général, révèle à son destinataire plusieurs faits plus délictueux les uns que les autres dont sont coupables les gérants de cette firme étrangère. « Le bilan de l'exercice 2008 établi par le commissaire aux comptes de GSW comporte des faux en écriture. » Il s'agit, entre autres, du PV de l'assemblée générale qui n'a jamais eu lieu. Pis, ce même PV, établi le 30 juin 2009, fait état de la présence de deux administrateurs – cogérants de l'Eurl GSW – lors de cette AG fictive. Ces derniers, qui se trouvent en Inde, sont interdits de séjour en Algérie depuis mars 2009, date du scandale du vol et surfacturation de la ferraille traitée. Par ailleurs, il faut rappeler que le superviseur indien et deux gardiens algériens purgent actuellement une peine de 3 ans chacun. » Dans le même registre, le syndicat a évoqué des charges « gonflées » par GSW à l'effet de minorer le résultat de l'exercice 2008 ; il a été attribué 150 millions de dinars au chapitre des services. Un montant qualifié par le plaignant d'« exagérément gonflé ». Aussi, M. Kouadria, documents à l'appui, a tenté d'expliquer au directeur régional des impôts les habiles supercheries qu'adoptent les gérants de GSW dans leur évasion fiscale. Selon toujours la même source, « l'entreprise a permis à l'actuel responsable des finances, Mesmoudi Salah, d'acheter à crédit pour le compte de GSW un véhicule de luxe de marque Hyundai Tucson qui sera mis à la disposition de l'entreprise moyennant 50 000 DA/mois. Un bien de l'entreprise au nom d'une personne physique pour qu'il n'apparaisse pas sur le patrimoine de l'entreprise et, par conséquent, ne fasse pas l'objet de saisie par les impôts de Annaba, qui s'apprêtent à vendre un important lot de matériel de l'entreprise sur décision de justice ». En effet, le fisc, qui a bloqué les comptes bancaires de GSW, l'a sommé de payer plus de 149 millions de dinars de taxes, ainsi qu'une pénalité de plus de 70 millions de dinars. Le volet équipement serait également sujet, selon toujours ce document confidentiel, à des pratiques délictueuses. « GSW a importé en 2003, date de son installation à ArcelorMittal Annaba, un équipement de chantier réformé mais déclaré, devant les Douanes algériennes, comme étant neuf. Un équipement loué chez Beghos Ltd, une entreprise indienne basée à Calcutta (Inde) qui perçoit mensuellement des transferts en devises, depuis 2003 jusqu'à ce jour. Et lorsque GSW a besoin d'équipements fiables, elle fait appel aux sociétés algériennes privées qui se font payer sans facture. Les transferts en devises ne concernent pas seulement Beghos Ltd. L'équivalent d'un million de dinars en euros est transféré chaque mois aux quatre gérants indiens en guise de salaire, alors qu'ils n'ont jamais activé en Algérie », conclut M. Kouadria, en exhortant le directeur régional des impôts de prendre les dispositions qui s'imposent pour mettre fin à l'hémorragie fiscale. Par ailleurs, nous apprenons que Vincent Legouic, le directeur général d'ArcelorMittal, vient de désigner un expert, en l'occurrence maître Boukhari, dont la mission est d'évaluer le préjudice financier causé au complexe par GSW. Cette décision représente une des résolutions de la réunion du conseil d'administration d'ArcelorMittal, au lendemain du premier scandale de GSW, en mars 2009. Depuis deux jours, l'expert est en pleine collecte d'informations ayant trait à ce dossier. Selon des indiscrétions, le directeur général a la ferme intention de récupérer les biens de son entreprise qui, faut-il le souligner, est actuellement en panne de liquidités.