Les éléments du Centre territorial de la recherche et d'investigation de Annaba ont procédé, mercredi dernier dans l'après-midi, à l'arrestation de deux ressortissants indiens en activité en Algérie. Il s'agit du gérant et du superviseur de Grand Smithy Works (GSW), une entreprise indienne privée, et deux gardiens en faction au poste de garde d'ArcelorMittal El Hadjar. Ils ont été transférés et auditionnés à Constantine. Il s'agit, selon des sources sûres, d'un important partenaire du groupe ArcelorMittal dont les filiales activent même en Ukraine. De grande envergure, cette entreprise privée est spécialisée dans la récupération au niveau du crassier externe, le traitement et la vente de la ferraille massive à l'usine d'ArcelorMittal El Hadjar laquelle abrite le siège de GSW. L'affaire porte sur un important préjudice financier qui se chiffre à des milliards de dinars dont ArcelorMittal El Hadjar serait victime. La facturation fictive de plusieurs milliers de tonnes de ferraille massives a été rendue possible grâce à la complicité des gardiens en poste à ArcelorMittal qui délivrent des bons cachetés, apposés de leur griffe. Des reçus qui attestent fictivement l'acquisition de la ferraille massive traitée, chargée à bord de camions de gros tonnages. C'est suite à la décision de la direction générale d'ArcelorMittal de rationaliser ses dépenses à l'effet de faire face aux retombées de la crise financière mondiale dont la possibilité d'effectuer des « coupes » dans les rangs des sidérurgistes que la supercherie a été découverte. Sans contexte, le mérite est à inscrire à l'actif du syndicat qui, pour épargner les travailleurs de ces mesures draconiennes, a passé au peigne fin l'activité des entreprises privées, notamment étrangères qui assurent l'approvisionnement de l'usine en matière première, dont la ferraille. Dans le lot des soupçonnés avait émergé l'entreprise indienne Grand Smithy Works. Fort d'un dossier ficelé, Ismaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat de l'entreprise, avait, le 7 décembre 2008, saisi officiellement Bernard Bousquet, PDG d'ArcelorMittal, à l'effet d'ordonner un audit à même de lever le voile sur la comptabilité douteuse à laquelle s'adonnent les deux responsables indiens de GSW confondus, en complicité avec les gardiens d'ArcelorMittal dans cette affaire. C'est ce qui a été fait. Et c'est un expert d'origine tunisienne, dépêché par le groupe du Luxembourg, qui a pris en charge l'audit. La conclusion de ce dernier est accablante. Il en ressort une fraude caractérisée, assortie de non-respect de la réglementation en vigueur. Bien que, théoriquement, les camions gros tonnages de la ferraille aient transité par le poste n°4, les deux gardiens indélicats ont « omis » de tenir le registre du poste de garde à jour. Le préjudice est énorme. Il est, à titre indicatif, estimé à 1.4 milliard de dinars par mois. Un grave délit économique et une importante perte sèche à l'usine qui ont entraîné l'intervention des enquêteurs de haute facture du CTRI, appelés à élucider ce trafic dont une entreprise indienne s'est rendue coupable. Ainsi, le monde des affaires de la récupération et la vente des métaux ferreux et non ferreux a été encore une fois secoué par une autre affaire scabreuse. Un scandale indien qui nous fait rappeler que le PDG de l'entreprise algéro-turque de fer (ATF) est présenté comme étant en fuite. Lourdement endetté auprès de l'administration algérienne, il a abandonné son entreprise et quitté le pays après avoir été à maintes fois incarcéré. Son affaire a été traitée par les mêmes services de sécurité.