Pis encore, les bus, peu nombreux, assurent les différentes lignes sur un réseau routier exigu (plusieurs projets sont actuellement en cours). Le décor urbain nous offre ainsi une ambiance paradoxale qui persiste : un trajet de 30 minutes qu'on parcourt en 3 heures, retards de départs et d'arrivées, bousculades, bus vétustes … Les bus de transport urbain manquent. Pas seulement. Nombreux ceux qui sont vétustes et dépourvus de normes de sécurité. Surtout ceux destinés aux distances de 20 à 50 kilomètres, c'est-à-dire les bus suburbains : D'Alger vers Boumerdès, Ain Taya, Blida, Dergana, Reghaia, Tipaza… 5000 bus de transport en commun sont touchés, le chiffre a été donné en début d'année 2012 par l'UGCCA. La Fédération nationale des transporteurs des voyageurs a quant à elle déclaré un chiffre beaucoup plus important en fin de 2011, à savoir «sur les 70 000 bus existant , 20 000 sont vétustes». Mais plus récemment encore en novembre 2012, l'UGCCA annonce un autre chiffre : 10 000 bus se trouvent dans un état abîmé. Quoiqu'il en soit, l'algérien est transporté dans des conditions inhumaines. Sa santé mentale et physique risque gros. La fédération nationale des transporteurs algériens a récemment averti les autorités sur les dangers de ces bus. En septembre dernier, dans la wilaya de Sétif et en réaction en nombre important des accidents que causent les bus vétustes, des usagers ont initié une action qui consiste à boycotter ces bus vétustes. Cette action a été menée au lendemain d'un accident de la circulation dont l'acteur principal n'est autre qu'un bus de transport en commun vétuste qui transportait 90 personnes, toutes sont sorites indemnes de l'accident. Selon Feniza Amar, représentant des transporteurs privés pour que les conditions du transport s'améliorent l'algérien doit payer plus. C'est pour cela que l'une des principales revendications soumises au ministère des transports est l'augmentation des tickets. "En principe c'est à partir du mois de janvier 2013 que les prix augmenteront". Dédale d'un trajet de 30 minutes qu'on parcourt en 3 heures Encore une fois, à cause de l'exiguité du réseau routier, quand il pleut ou un accident de la circulation survient, vous pouvez être pris au piège dans des bouchons interminables. La rotation des bus est ainsi gravement affectée : Alger vers Bilda, Tipaza, Dergana, Ain Taya, Reghaia, Rouiba… Des passagers s'appretent à prendre un bus à la station de bus Qawat Chergui (Bordj El Bahri) Résultat les voyageurs sont bloqués. Le comble c'est que cela aggrave la crise du transport urbain dont les bus se font rares ou du moins « les lignes de transport sont anarchiquement distribuées, ce qui conduit au manque» nous explique Feniza Amar. Donc pour rentrer chez soi, il faut trouver la formule magique : un clandestin, un taxi… à des prix négociables : 100 da pour le premier et 500 da pour le deuxième pour un trajet d'une vingtaine à une trentaine de kilomètres. Des passagers se ruent à l'arrivée d'un bus à la gare routière Tafourah Il y a 24 ans, le clandestin a secouru les voyageurs… Antérieurement à l'année 88, ce qu'on appelait la RSTA, entreprise publique du transport en commun agonisait. Cela a nécessité l'ouverture du marché du transport au secteur privé avec la promulgation de la Loi n° 88-17 du 10 mai 1988. Les répercussions de cette agonie ont été relatées dans le film : Le Clandestin du cinéma algérien du réalisateur Amar Bekhti sorti en 1990 qui a immortalisé l'un des aspects de cette crise du transport. Des personnages ratent le passage de quelques bus visiblement détériorés et surchargés. Les personnages se retrouvent contraints de prendre un clandestin. Et quel clandestin ! La magie du cinéma a voulu que les personnages atterrissent dans le Far West. De nos jours soit plus deux décennies plus tard après la sortie du film, la crise du transport en commun n'a pas encore été résolue: vous pouvez patienter une bonne quinzaine de minutes en pleine autoroute après qu'un bus vétuste à bord duquel vous voyagiez tombe en panne, vous êtes obligés d'attendre qu'un autre bus arrive pour atteindre la destination finale ou vous débrouillez en prenant un clandestin.
La promulgation de la loi 1988 entra en vigueur dès les années 90. Elle a permis d'une certaine manière l'absorption du chômage. Elle a permis l'atténuation de la crise de transport. Mais elle a aussi généré de l'anarchie dans le secteur. Les transporteurs privés aujourd'hui «livrés à eux-mêmes» d'après leur porte-parole, abandonnent leurs lignes faute de soutien de la part de l'Etat pour se convertir en chauffeurs pour le transport du personnel. Ou bien changer complétement de vocation…
« 100 patrons pour une seule ligne de transport ! » L'anarchie qui prévaut dans le secteur des transports urbains et suburbains a de multiples facettes. Feniza Amar tente de nous décrire l'un de ses aspects, il est le représentant du bureau d'Alger de l'organisation nationale des transporteurs privés. Écoutez-le :
L'anarchie des transports en commun, une réalité bien ancrée dans notre quotidien. Elle façonne nos comportements. Nous devenons belliqueux, stressés…Nous nous bousculons pour s'arracher les places. Pourtant peu nombreux ,des passagers se bousculent pour prendre le bus. Réflexe devenu naturel? L'injection du métro et du tramway (pas encore achevé) au réseau de transport de voyageurs qui ont tout de même apporté une touche de modernité et aussi plus de facilités pour de nombereux usagers à Alger, n'a pas résolu le problème du transport tant que ces deux là concernent des distances encore très limités par rapport à la demande. La TRANSUB, entreprise de transport public qui assure une dizaine de lignes urbaines et suburbaines semble agoniser aussi tant que ses bus sont aussi vétustes et peu nombreux d'ailleurs. Mais «la productivité de l'entreprise TRANSUB, avec 320 voyageurs par bus et par jour, se situe nettement en dessous des normes internationales » nous renseigne Tahar Baouni, maître de conférences, chercheur à l'Ecole Polytechnique d'Architecture e d'Urbanisme (EPAU) d'Alger dans une communication publiée en ligne. Pourtant Amar Tou ministre des transports l'a promis en juillet 2011 :«le gouvernement va réguler le transport en commun ». Comment ? Il s'agit d'«un projet de décret relatif à la création d'autorités organisatrices de transport urbain ».On ne connaît pas encore la suite de ce projet. Antérieurement, en 2008, des mesures ont été mises en place par le ministère des transports pour moderniser le secteur du transport de voyageurs. Pour le moment, rien n'est encore fait. En attendant, tout déplacement à Alger comme partout ailleurs est semé d'obstacles. Récemment encore le ministre de Transport s'est penché sur la question du transport urbain dans un entretien accordé au site du TSA. Selon Amar Tou « s'il y avait anarchie, les gens ne rentreraient pas chez eux et passeraient la nuit à attendre du transport.». En tout état de cause, défaillant, le réseau du transport urbain est en parfaite interaction avec un réseau routier qui ne contient plus la densité d'une circulation automobile de plus en plus croissante. Pour ce qui est du réseau routier, plusieurs projets sont en cours et seront livrés au fur et à mesure. Le transport urbain va-t-il s'améliorer pour autant d'ici là ? La carte routière d'Alger à l'épreuve du mal urbanistique Le problème du transport urbain est "national" selon le porte-parole des transporteurs privés. Mais à Alger c'est quand meme très différent des autres grandes villes du pays ,et ce en raison d'un plan urbanistique problématique. Plusieurs études lui ont été conscrée. Ainsi ,l'aspect urbanistique de la ville d'Alger a beaucoup changé. Son processus d'urbanisation a été rapide et anarchique. On a l'impression qu'Alger est devenue davantage compacte. Pourtant ,dans une autre étude qui date de 2009 et qu'on a retrouvée en ligne sur le site Plan Bleu « la ville dense, compacte et ramassée, qui existait avant 1987, a été remplacée en l'espace de vingt années par une agglomération beaucoup plus étalée ». Étalée oui mais sans doute incohérente. Cette incohérence «a instauré une demande de transport sans commune mesure avec l'offre existante tous modes confondus. Cette situation est attribuable à la rapidité des évolutions urbanistiques qui ont mis à mal une planification urbaine défaillante et quasi inexistante ». L'étude accable «les plans d'urbanisme élaborés depuis l'indépendance du pays qui procèdent du type «urbanisme administratif », avec un système d'autorisations et d'interdictions hérité de l'administration française coloniale ». Carte illustrant les points sensible du réseau routier d'Alger: Cette carte illustre quelques points noirs qui constituent au quotidien pour les usagers du transport urbain, les transporteurs ainsi que les automobilistes, une vraie bête noire. La carte n'a pas la prétention d'etre exhaustive mais reflète en partie la réalité de nos routes dans la capitale.