« Cela fait presque un mois qu'on n'a pas de l'eau de source dans nos robinets. L'eau bwassif dont on nous approvisionne est très lourde et n'est même pas commode pour faire cuire des macaronis » fulmine Si Ouarav, un vieux du village Tizi-Tifra. Les détériorations que connaît la canalisation d'Alma n'Louh qui alimente aussi bien le village Tizi-Tifra que le village Tifra sont légendaires. Invariablement, chaque année, cette canalisation enterrée en bordure de la route subit souvent des dommages et fuit de toutes parts. « Ce que nous regrettons, devant de telles situations, c'est les lenteurs dans la prise en charge de telles urgences. On ne doit pas compter sur le citoyen pour réparer des réseaux d'AEP ou poser des vannes. Il est temps que certaines mauvaises habitudes changent », soutient Remini Tayeb, le chef du comité du village. Tizi-Tifra, village de la commune Tifra qui compte quelque 700 habitants, ne souffre pas uniquement de problèmes hydriques. Perché sur la colline Ighil Oufella qui surplombe le village Tifra, d'où son nom de Tizi n'Tifra, ce village est géré par un comité. Cependant, il fait face à de multiples problèmes. « Presque 50 ans après l'indépendance, une partie de notre village n'est pas encore dotée de réseau d'assainissement. C'est inadmissible ! », souligne le président du comité. En collaboration avec l'APC, le comité de village tente tant bien que mal de résoudre les plus urgents des problèmes qui mettent à mal la vie des villageois, mais ce n'est pas toujours facile. AEP, assainissement, réseau routier, nettoyages divers, actions de solidarité envers les plus démunis, réaménagement de la fontaine publique, activités culturelles et sportives, pompes funèbres, PPDRI…il faut intervenir partout, et généralement tous les secteurs accusent des carences. Un projet qui fait honneur au village vient d'être réalisé : la superbe fontaine Tala Wada. L'accès principal au village a été bétonné grâce à la contribution de l'APC. Toutefois, ce chemin commence à se détériorer. Depuis son renouvellement, le comité du village, luttant sur tous les fronts, en deux années d'activités, a forcé le respect de tout le monde. Assemblées générales semestrielles tenues en présence des autorités (P/APC, élus) ; réunions régulières du bureau et du conseil du comité ; affichage régulier… le comité se comporte comme une véritable administration. C'est grâce à ce travail sérieux qu'il a gagné la sympathie de la population et de certains opérateurs économiques qui lui apportent l'aide morale et financière. Car hormis l'inestimable concours de l'APC et de donateurs, point de subventions de l'Etat. Ce que d'ailleurs n'arrivent pas à comprendre les responsables du village. « C'est incroyable tout de même, avec tous les projets d'utilité publique qu'on lance, l'Etat ne nous accorde aucune subvention. C'est inadmissible. On voudrait bien qu'on nous subventionne comme on subventionne les clubs sportifs. Un club sportif est-il plus important qu'une communauté villageoise ? », s'interroge le président du comité. Abondant dans le même sens, un autre villageois, inquiet pour l'avenir du village, ajoute : « L'état doit revoir sa copie avant qu'on assiste à un nouveau exode massif, car les gens maintenant ont besoin d'un minimum de confort pour vivre, on n'est plus au moyen âge ». Par ailleurs, le comité Tizi-n-Tifra a entrepris récemment des actions de solidarité touchant quasiment tous les villages de la commune. Distribution de couffins alimentaires, opération de circoncision…plusieurs actions de solidarité ont été menées par ce comité sur tout le territoire de la commune. « Nous préparons une action encore plus ambitieuse : un mariage collectif pour les plus démunis au niveau de toute notre commune », nous informe le président.