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Le long combat du peuple palestinien

Ces deux moments historiques ont, d'une part, révélé les impasses d'un système de régulation mondiale injuste qui fonctionne au «deux poids, deux mesures» dans le cas de la Palestine, et d'autre part ont réaffirmé l'importance des mouvements sociaux de tous les pays dans la solidarité et les mobilisations citoyennes pour obtenir une paix avec justice.
Cette fois-ci, malgré l'horreur subie par la population, Ghaza n'a pas été envahie par l'armée israélienne et le gouvernement de Netanyahu a été forcé de conclure rapidement un cessez-le-feu. Ghaza n'était plus isolée : certains dirigeants d'Etats arabes s'étant même rendus sur place durant le conflit pour apporter leur soutien politique. Les effets du printemps arabe, les mobilisations de la «rue arabe» commençaient à faire tourner le vent en faveur du peuple palestinien.
L'entrée de la Palestine à l'ONU marque également une autre victoire pour le peuple palestinien, en ce qu'elle met en évidence à la fois l'existence d'un droit international très limpide en faveur des Palestiniens, mais impossible à faire respecter par Israël. Cela doit être vu comme un rappel d'un droit acquis en 1947 au moment où l'Assemblée générale avait adopté la résolution 181 sur la partition de la Palestine en deux Etats indépendants, tout en plaçant Jérusalem sous l'administration onusienne. Mais l'injustice envers les Palestiniens était déjà en marche au sein de l'ONU. Comme le rappelle l'historien israélien Ilan Pappé, «ce vote historique constituait pour les juifs une sanction internationale qui consacrait leur Etat et signifiait le début d'une guerre d'indépendance. Pour les Palestiniens, c'était la fin de leur espoir d'un Etat arabe sur l'ensemble de la Palestine et le début d'une période tragique de leur histoire.»
Depuis, les Palestiniens n'ont cessé de faire des concessions, dont la reconnaissance de l'Etat d'Israël. A l'inverse, Israël n'a jamais reconnu l'Etat palestinien. Il s'est toujours maintenu dans un refus obstiné de faire des concessions et s'est employé à occuper et coloniser encore plus la terre palestinienne, au point où l'existence même d'un Etat palestinien viable apparaît de plus en plus compromise. Toutes les résolutions de l'ONU et du Conseil de sécurité se sont heurtées au «non» catégorique d'Israël. Toutes les dispositions du droit international (Conventions de Genève, Cour internationale de justice, etc.) ont été systématiquement violées par Israël avec l'accord de la «communauté internationale», dont les Etats-Unis, le Canada en tête et nombre de pays occidentaux. Leïla Shahid, déléguée générale de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne, a bien résumé la trahison de cette dite «communauté internationale» : «A quoi ont servi les négociations pendant 20 ans ? Nous avons commencé à négocier à Madrid en 1990. Nous avons continué en 1993, nous avons arrêté la lutte armée, nous avons voulu montrer que nous étions respectueux du droit international, et Israël nous a donné une claque. Nous, Autorité, nous pensons qu'on peut le faire sur le plan politique, mais on n'a pas vraiment acquis beaucoup de crédibilité, à dire vrai, depuis 20 ans, puisque nous avons échoué.»
Malgré cette situation, les Palestiniens ont repris le chemin de l'ONU pour la ré-internationaliser et en débattre là où il se doit : dans l'enceinte des Nations unies, plutôt que dans le cadre de relations bilatérales avec les Etats-Unis où les dés sont pipés d'avance. Ils réaffirment que «cette institution porte une responsabilité essentielle dans la mise en œuvre des moyens indispensables à sa solution.» Ils refont le pari du droit international contre la loi du plus fort. Mais le ton a changé. En septembre 2011, Mahmoud Abbas s'est contenté de mettre les grandes puissances devant leur responsabilité historique et morale en déclarant que «la question palestinienne est inextricablement liée aux Nations unies à travers les résolutions adoptées par ses divers organes et agences. (…) Nous aspirons à ce que les Nations unies jouent un rôle plus important et plus efficace…». Dans sa dernière allocution onusienne, M. Abbas a durci le ton, en disant qu'Israël n'est plus seulement mis en cause pour ses «implantations coloniales», comme c'était le cas l'année dernière, mais pour sa politique d'«apartheid» et de «nettoyage ethnique» à Jérusalem-Est et dans les territoires occupés. Si, en 2011, il s'évertuait encore à «tendre la main au gouvernement et au peuple israéliens pour faire la paix (…) sur une base de parité et d'équité entre deux Etats
voisins : la Palestine et Israël», désormais, il va plus loin en affirmant que le gouvernement Netanyahu s'évertue à faire avorter la «solution à deux Etats» et de «vider de leur substance les accords d'Oslo». En ce sens, la récente adhésion de la Palestine au statut d'Etat non-membre de l'ONU aura été un choix qui aura notamment forcé le spectacle d'un veto des Etats-Unis et du Canada et d'une large abstention des Etats occidentaux, à la vue du monde entier.
Mais l'écrasante majorité des pays membres de l'ONU en ont pris acte et donné raison à la Palestine. Le monde a changé et les mouvements sociaux palestiniens et internationaux ne sont pas étrangers à ce changement.
Le Forum social mondial sur la Palestine libre, qui s'est tenu au Brésil au même moment, témoigne en effet de la force, de la pluralité et de l'importance majeure des mouvements sociaux, tant en Palestine qu'ailleurs dans le monde. Plus de 3000 participant(e)s
venu(e)s de 37 pays et plusieurs centaines de Palestinien(ne)s de Cisjordanie, Ghaza et Jérusalem ont participé au forum grâce à la collaboration du gouvernement brésilien qui leur a facilité l'octroi d'un visa et qui a soutenu financièrement cette initiative, malgré les efforts déployés par Israël et les sionistes brésiliens pour faire avorter ce forum. L'intimidation, le terrorisme intellectuel et les accusations d'antisémitisme, armes favorites des gouvernements israéliens, ont fait leur temps. Ce Forum social mondial aura témoigné d'une certaine relance du mouvement de solidarité au plan international : Palestinien(ne)s et internationalistes ont pu se rencontrer, échanger et bâtir des alliances. Durant ce Forum, les Palestinien(ne)s ont clairement signifié qu'ils refusaient de disparaître, qu'ils n'accepteraient jamais de vivre dans un régime d'apartheid et qu'ils étaient déterminés à poursuivre la lutte et à obtenir justice.
Ils en appellent au respect du droit international pour exiger :
– La fin de l`occupation, (art 2 para 4 de la Charte des Nations unies, IVe Convention de Genève et résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU).
– La fin de la colonisation, (art 49 de la IVe Convention de Genève, art 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale).
– La fin du blocus de Ghaza, (art 13 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, art 1 du Pacte international, relatif aux droits civils et politiques, art 1 du Pacte international, relatif aux droits économiques, sociaux et culturels).
– Le démantèlement du mur de séparation, dont plus de 85% du tracé se situe en territoire palestinien (décision de la Cour internationale de justice du 9 juillet 2007).
– Le respect du droit de retour, (résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies).
– La fin des politiques d'apartheid, (Convention internationale sur la suppression et la punition du crime d'apartheid 1973).
– La libération des prisonniers politiques, dont l'immense majorité des 11 000 détenus est emprisonnée sans accusation, ni procès, certains depuis de nombreuses années. Les autorités israéliennes détiennent aussi plus de 500 enfants de moins de 16 ans, (art 9, 10 et 11 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, IVe Convention de Genève, art 10 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et Convention relative aux droits de l'enfant).
– La poursuite d'Israël pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Ce faisant, les mouvements sociaux redisent l'importance du droit dans la résolution pacifique du conflit. Mais ces revendications ne seront jamais appliquées sans mobilisation de la société civile palestinienne et de toutes les sociétés civiles à travers le monde. Ces revendications ne peuvent pas non plus reposer sur la seule responsabilité et vigilance des partis politiques et des élites dirigeantes, peu importe leurs stratégies. Cela aussi, les mouvements sociaux le savent. D'où l'importance des actions concrètes de solidarité qui foisonnent partout en Palestine et dans bon nombre de pays, et qui finissent par avoir un impact sur les opinions publiques et les dirigeant(es) des pays. A titre d'exemple, mentionnons les manifestations hebdomadaires du petit village de Bil'in, devenu emblématique de la résistance à la colonisation et au mur de séparation, les Flottilles de la paix pour briser le blocus de Ghaza, et tant d'autres, toutes plus pertinentes et tout aussi imaginatives les unes que les autres.
Mais il est une action sur laquelle les Palestinien(ne)s ont unanimement insisté : la campagne de boycott, de désinvestissement et sanctions contre l'apartheid israélien. Cette campagne apparaît de plus en plus comme une stratégie unitaire des mouvements sociaux. Elle doit être généralisée, intensifiée et accélérée pour isoler Israël sur la scène internationale, comme cela a eu lieu en Afrique du Sud à l'époque, et forcer son gouvernement à respecter le droit international. Ce Forum social mondial a enfin été l'occasion de détruire un des mythes sur lequel Israël s'appuie pour tenter de faire disparaître le peuple palestinien. Les vieux mourront et les jeunes oublieront, avaient pavoisé les dirigeants israéliens après la Naqba. Mais les morts continuent de crier l'injustice et les jeunes n'ont pas oublié : ils et elles étaient présent(e)s en force au Forum social mondial et ils et elles souffrent tous et toutes de cette «maladie incurable : l'espoir», dixit Mahmoud Darwish !


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