Je tiens tout d'abord à remercier vivement tous les confrères, amis, associations et personnalités du monde culturel, politique et syndical pour leurs soutiens et marques de sympathie en cette malheureuse épreuve que je traverse. Pour la clarté de la situation et pour l'intelligence des propos de mon livre que la majorité des lecteurs n'a pas encore lu, je me dois d'apporter ici des précisions à propos de certaines insinuations ou écrits incomplets ou inexacts. 1- Je défie quiconque de trouver un seul mot d'insulte sur les 432 pages du livre. Sauf à considérer que poser une question à son Président est en soi une insulte. La question que j'ai posée en exergue « ... Où étiez-vous M. le Président quand l'Algérie saignait et pleurait ses enfants ?... » a été régulièrement posée depuis 1999 par l'ensemble des journalistes et journaux sérieux sans conséquences de représailles et sans réponse à ce Jour. 2- Est-ce une une insulte que d'affirmer avec preuves et arguments que le phénomène des harraga est la conséquence directe des mauvaises gouvernances depuis l'indépendance à nos jours. Est-ce une insulte d'écrire que nos jeunes qui se jettent à la mer et à la mort, préférant eI houte aux doud, ou finissant au mieux dans un poulailler ou dans une porcherie, est la conséquence directe des politiques d'exclusion qui organisent la malvie et la non- vie et dont sont responsables tous les hauts dirigeants de ce pays depuis l'indépendance ? 3- Je défie quiconque de trouver une seule fois le terme « Marocains » du pouvoir. Le seul terme que j'ai écrit est « maroquins » du pouvoir, terme précis issu de la maroquinerie, qui veut dire portefeuille ou ministère. Je ne peux pas écrire ce genre d'insanités puisque je dénonce moi-même et souvent ce genre de calomnies. Je ne serai jamais comptable du pays ou de la région de naissance d'un chef d'Etat mais seulement des résultats et des performances de sa gouvernance. Le général de Gaulle, par sa mère, était d'origine irlandaise ; Hitler, autrichienne ; Napoléon, corse ; la reine Elisabeth d'origine allemande ; Sarkozy d'origine hongroise, etc. Qui leur reproche leur origine ? Je ne peux et je n'ai pas écrit ce genre de choses malsaines sur notre Président. Son lieu de naissance ou sa vie privée ne m'ont jamais intéressé. Je ne m'intéresse qu'à sa gestion du pays et à rien d'autre. 4- Oui, j'ai écrit les « Texans » du pouvoir, parce j'ai croisé et vu personnellement un maroquin du pouvoir déguisé en texan. J'ai même lu une loi algérienne votée par un parlement algérien que j'ai trouvée, selon mon appréciation, plus favorable au Texas qu'à l'Algérie. Le président de la République algérienne démocratique et populaire a retiré cette loi pour le motif qu'elle était antinationale. Poutakhine ne dit rien de plus. Il le rappelle seulement. 5- J'ai écrit deux lignes pour dénoncer « les casquettes invisibles de l'ombre... » pour évoquer ceux qui agissent et frappent derrière les rideaux. Ces deux lignes ont été intégralement reprises par l'ensemble des journaux. Mais aucun mot, aucune ligne n'ont été repris sur les 80 lignes que je consacre aux casquettes visibles, agissant à la lumière du jour, dont le courage et le dévouement ont sauvé l'Algérie d'une dictature islamiste et d'être encore, malgré tout, debout et de me permettre d'écrire aujourd'hui. Aucun journal n'a repris un seul mot, une seule ligne de ces 80 lignes que je consacre à ces casquettes de la bravoure ; qu'ils soient soldats anonymes ou généraux célèbres. 6- Poutakhine est un patronyme inventé de deux pièces. Il n'est ni docteur ni neurologue. C'est un être ordinaire : tantôt homme, sous-homme, tantôt surhomme. Homme d'honneur et de bravoure, de foi et de conviction, il incarne la complexité et les violences de la vie d'où qu'elles viennent. C'est pourquoi sa grande liberté de ton et de jugement est sans fard et sans complaisance aucune. Poutakhine n'est pas violent, n'est jamais violent. Il raconte les violences qu'il observe. Qui et que faut-il juger ? Celui qui raconte la violence ou celui qui la crée ? 7- Pourquoi une escouade de 9 policiers pour fouiller mon domicile, y compris mon lit pour chercher un livre qui était déjà en leur possession et en vente libre dans les librairies d'Alger ? Cherchaient-ils autre chose ? Oui sûrement. Cette autre chose que la police cherchait et n'a pas trouvée chez moi, elle ne la trouvera jamais, jamais. Elle est trop bien cachée. Elle est cachée dans ma tête, dans ma mémoire, dans ma foi, dans mon cœur, dans mes convictions, dans mes tripes. Et en ces endroits-là, dans ces territoires-là, aucune perquisition ne peut, ne pourra saisir de livres, de phrases ou de manuscrits. On n'est plus au Moyen Âge où l'autodafé s'obtient par la saisie et la destruction du manuscrit. Cette période est révolue, messieurs. Sachez qu'on est au XXIe siècle, au siècle du numérique où l'interdit, le déni de droit et la hogra suscitent et ajoutent à la curiosité de lire mon livre à la vitesse de la lumière. Mon but n'étant ni marchand ni commercial, par et grâce à l'action policière, mon livre sera lu gratuitement par des millions d'Algériens en Algérie et dans le monde, sauf à pouvoir perquisitionner et réquisitionner Internet et la lumière, opération peu envisageable. La chose que cherchait la police dans mes archives privées, plus que mon livre, est tellement secrète, tellement importante que, depuis 40 ans je l'écris publiquement, je l'enseigne aux cadres algériens y compris à des officiers supérieurs, je la mesure, je la transmets à mes enfants, à mes amis, à mes clients, aux institutions, aux élus et à tous ceux qui en veulent : c'est mon savoir, ce sont mes connaissances, c'est ma conviction, c'est mon amour pour l'Algérie, pour nos enfants y compris les enfants de policiers et de magistrats. Que mangeront-ils demain nos enfants et petits-enfants dans une Algérie bradée et corrompue que je pleure dans mon livre ? Cette richesse-là que le commando de police est venu chercher sous mon lit, aucun magistrat, aucun juge, aucun policier ne peut la perquisitionner, la réquisitionner, la saisir. Moi, on peut me fouiller, me juger, me torturer, me jeter en prison, on peut même me tuer. Mais mon livre non, on ne le pourra jamais ; il ne m'appartient plus. Un livre est éternel ; il ne meurt jamais. On ne peut même pas le saisir. Il est déjà le bien et le protégé de milliers d'Algériens et d'Algériennes. Pour être tranquille, le pouvoir en place (pour combien de temps encore ?) devrait jeter en prison Poutakhine et tous les autres à venir. C'est le seul moyen de m'arrêter, mettre en prison mes convictions et mon amour pour l'Algérie. Une seule question, messieurs : pourquoi vous êtes-vous emparé de l'ordinateur de mon fils ? Son seul outil de travail. Est-ce l'arme du crime ? Sommes-nous déjà dans le territoire et les mœurs de l'Etat voyou ? Tout porte à le croire. Par : Mehdi EI Djezaïri