La station climatique de Tikjda, cœur palpitant du parc national du Djurdjura (PND), est en passe de devenir un réceptacle d'importantes quantités de déchets en tous genres. Les visiteurs qui s'y rendent chaque week-end pour se détendre, y abandonnent à même le sol les sachets, les pots de yaourts et les bouteilles d'eau et d'autres déchets nuisibles à l'environnement. D'autres visiteurs y laissent des canettes de bières. Toute personne prenant la route vers Tikjda aura droit à ce décor fait de détritus que l'homme jette inconsciemment, à quelques encablures avant d'y arriver. Une fois sur les lieux, à Tighzert ou un peu partout à travers les endroits qui sont accessibles aux touristes, on ne se croirait pas dans une station climatique censée être un pôle touristique par excellence. Au lieu de plaire aux visiteurs, la station de Tikjda ne fait que les écoeurer de plus en plus. Outre l'atteinte à l'image de Tikjda comme une zone touristique, il y a également l'agression continuelle de l'environnement par cet état d'insalubrité à grande échelle. La réglementation nationale et internationale relative à la protection des parcs nationaux et des réserves de biosphère, dont le parc du Djurdjura, ne sont pas respectées. Le peu de poubelles qui sont mises en place à travers le site est loin de contenir toutes les ordures. Les panneaux qui rappellent aux visiteurs la conduite à tenir une fois qu'on a foulé le sol du PND, n'ont pas eu l'effet escompté. Il faut souligner qu'après les incendies qui constituent la grande menace pour cette réserve protégée, il y a la pollution que l'homme ne cesse de provoquer et de se propager. Pour les employés du parc national du Djurdjura, dont le rôle principal est la sensibilisation, il n'est pas évident de tout remettre en l'état. Ramasser les ordures n'est finalement pas la bonne et efficace solution. Car ces lieux ne tarderont jamais à redevenir comme ils étaient avant, insalubres. «Nous avons effectué plus d'une trentaine d'opération de nettoyage qui ont touché l'ensemble du site. Mais dés le lendemain, les ordures envahissent de nouveau les lieux comme si rien n'a été fait», déclare Haddad Moussa, responsable de l'antenne du parc national du Djurdjura qui se trouve à Tikjda. Ainsi, des quantités considérables d'ordures ont été collectées lors des opérations de nettoyage menées par les employés du parc national. Selon ce même responsable, ce sont les visiteurs et les touristes, du moins la majorité, qui polluent le plus la réserve de biosphère. Il est utile de souligner que sur le plan réglementaire, le visiteur est tenu responsable de tous ses gestes. Une conduite exemplaire s'impose à tout un chacun pour préserver l'environnement d'autant plus dans un parc national où plusieurs espèces animales et végétales sont protégées. «La loi nationale et internationale relative à la protection et la préservation des réserves de biosphère stipule que c'est aux visiteurs et touristes de ramasser tous leurs déchets et les ramener avec eux», souligne M. Haddad, qui ajoute que l'installation des poubelles à l'intérieur de la réserve de biosphère est interdite par la réglementation. «C'est une pollution visuelle», dit-il. D'ailleurs, les communes dont les territoires s'étendent jusqu'à l'intérieur du PND, sont dépourvues des moyens nécessaires pour intervenir. La responsabilité incombe plutôt à la wilaya de mobiliser les grands moyens pour préserver cette partie fragilisée et vulnérable du Djurdjura. Ce sanctuaire de la biodiversité d'une superficie de 18 550 ha, dont 10 340 ha à Tizi Ouzou et 8210 ha à Bouira, risque de se détériorer davantage si les autorités locales continuent de prendre «à la légère» le dossier relatif à la protection de l'environnement.