La violence est un phénomène qui prend des proportions alarmantes dans la société algérienne contemporaine. Elle se manifeste en tous lieux : à la maison, en milieu scolaire (écoles, universités…), en société et au sein des entreprises. C'est dans le but de cerner cette question que l'association des étudiants en médecine Tujya, de la faculté de médecine de Tizi Ouzou, a organisé, cette semaine, une conférence-débat intitulée « La violence et le choc post-traumatique ». Cette rencontre a été animée à l'auditorium du campus de Hasnaoua, par le docteur Boudarene, psychiatre. Selon l'orateur, le phénomène des harraga, le terrorisme, les émeutes, le banditisme et la criminalité, la délinquance, le suicide et la toxicomanie sont les différentes modalités d'expression de la violence dans la société. A côté de cette violence sociale apparente, il existe surtout une autre forme de violence insidieuse, intériorisée par les citoyens, et c'est elle « qui mine la société », dit-il. C'est la violence symbolique qui se manifeste par le chômage et l'injustice sociale, le manque de loisirs, le rôle et le statut de la femme, l'altération de la qualité de vie et de l'environnement. Mais aussi, ajoute-il, l'absence de liberté, de démocratie. A titre d'exemple, le conférencier estime que les 1500 décharges sauvages existantes dans la seule wilaya de Tizi Ouzou constituent une forme de violence infligée aux citoyens. « Est-ce que la société algérienne est violente ? Est-ce une fatalité, un atavisme ? », s'interroge-t-il. « Aucune société n'est violente par essence », répond le psychiatre, et d'ajouter que toute société a utilisé la violence à un moment donné de son existence. La société instrumentalise parfois la violence comme mécanisme de régulation, et quelquefois, cette violence est utilisée comme moyen de domination, affirme-t-il par ailleurs. La violence est un abus de force illégitime. Mais parfois, elle est « légitimée » par un groupe social, ethnique ou religieux qui défend ses droits et ses convictions, dit encore l''intervenant. Et d'ajouter : « La violence sociale apparaît dans un environnement de désordre social. Il existe une relation dialectique entre le désordre institutionnel et le désordre social, avec l'effondrement des interdits sociaux. Ce qui aboutit à l'émergence de la violence sociale, une force autodestructrice et difficile à contrôler. » En principe, soutient-il, c'est l'Etat et les pouvoirs publics qui doivent « réguler » les violences à l'intérieur de la société. La société sécrète la violence et en retour elle en est victime, souligne encore l'intervenant. Le Dr Boudarene conclut sa communication par : « Ainsi le malfaiteur ne peut accomplir son méfait sans le secret accord de vous tous », une citation extraite du célèbre essai Le Prophète de Khalil Gibran. Djemaâ Timzouert , Youcef Nemmar