Plus d'une cinquantaine d'habitants de la commune de Oued Echaâba se retrouvent, disent-ils, face au constat des plus biscornus : des voisins illégitimes dans leurs jardins ! En effet, ils affirment qu'ils ont été expropriés de ces terres qui leur appartiennent, par les services de l'APC il y a maintenant plus de 23 ans, et qu'elles sont maintenant distribuées à d'autres personnes. Depuis, le conflit perdure. Dans une lettre adressée, entre autres, au wali de Batna, les 55 plaignants, signataires du document, affirment que les services de l'APC de l'époque s'étaient appropriés ces terrains sur la base qu'ils appartenaient au colon français Omont Alphonse Paol, et sont de fait devenus biens vacants à l'Indépendance. Or, les concernés affirment, documents à l'appui, que le colon français a vendu ses biens à monsieur et madame Jean-Baptiste Irbin-Fricard. Ces derniers les ont revendus au dénommé Okbi Ben Amara, pour qu'enfin la tribu d'Ouled Chlih s'y installe par seing-privé (système d'achat et de vente traditionnel). Mohamed Bouzidi, un des représentants des signataires, explique que les services de l'APC n'ont pas mené une enquête détaillée sur les propriétés foncières des héritiers d'Ouled Chlih, et ont pris leurs aises pour déposséder plusieurs familles de leurs terrains. «Dans ce conflit, poursuit-il, les représentants de l'APC nous ont demandé des actes de propriété de ces terrains. Dans le cas contraire on ne pourra pas les récupérer. Or, la quasi-totalité des propriétaires d'Oued Echaâbane n'ont pas d'actes de propriété. Toute la commune fonctionne avec les actes traditionnels», a-t-il déclaré, ajoutant que «les actes de vente et de propriété de ceux succédant au colon français Omont Alphonse Paol, existent et sont suffisants pour rendre caduques les décisions passées de l'APC. Si ce n'est pas le cas, tous les habitants pourront être délogés de leur chez-soi au gré des responsables». Toujours selon notre interlocuteur, des incohérences sont à noter dans les décisions des responsables. Il s'interroge, par ailleurs, sur l'octroi des aides financières allouées dans le cadre de l'habitat rural à plusieurs expropriés dans le même cadre: «Ce n'est pas normal qu'on nous donne de l'argent pour construire sur des terres qui ne sont pas les nôtres. Si les terrains étaient la propriété de l'APC, est-ce normal qu'elle finance des habitations de privés sur ses terres ?» En outre, et à plusieurs reprises, le conflit a été porté devant la justice, mais sans résultat probant, hormis les cas qui concernent les nouveaux bénéficiaires des terrains. La justice s'est prononcée contre ces derniers. «On est dans un cercle vicieux. Aucune parmi ces plaintes n'a été examinée dans le fond. On a rejeté nos plaintes dans la forme parce qu'on n'a pas la qualité pour se plaindre. Alors que l'enjeu est celui de prouver notre qualité de propriétaire», s'est-il indigné. Le P/APC de Oued Chaâba, pour sa part, campe sur ses positions en affirmant que la justice a tranché et que dans le cadre de la loi ils n'ont aucun droit. «Nous restons ouverts à d'autres solutions si une entente entre ces derniers et les bénéficiaires des terrains est trouvée», s'est-il engagé. Il est à noter que le P/APC de Oued Chaâba n'a pas souhaité répondre à nos questions concernant les incohérences relevées par les plaignants.