Des dizaines d'habitants du village d'Oued Chaâba, se disant illégalement expropriés de leurs terrains, sont dans l'impasse. La réunion qui s'est tenue au mois de mai dernier dans le but de trouver une solution juste à ce problème qui dure depuis plus de 23 ans, a été un échec. Les victimes accusent ouvertement les responsables de l'APC d'avoir inséré dans le rapport de fausses déclarations les concernant, et ce, dans le but, selon leurs mots, de «biaiser l'intervention des autorités supérieures dans le règlement de la situation». Dans ledit rapport, adressé au chef de daïra et dont nous détenons une copie, il est dit que «le conflit concerne les attributions exceptionnelles à la lisière de leurs terres (les victimes des expropriations, ndlr)», propos que les plaignants réfutent catégoriquement puisque, disent-ils, «ils sont sur nos terres et non à côté ; ils veulent tromper les responsables par ces propos». Pour rappel, ces terrains acquis à l'indépendance par des personnes sous seing privé (orfi), ont été distribués à d'autres personnes par l'APC, ce qui a généré un conflit. Néanmoins les différentes étapes des transactions sont facilement contrôlables, ce qui conforte les victimes de l'expropriation dans leurs accusations contre les services techniques de l'APC qui, selon eux, n'ont pas mené une enquête détaillée sur les propriétés foncières des héritiers d'Ouled Chlih, et ont en ont de ce fait dépossédé plusieurs familles. Une expertise, dont nous détenons une copie, a d'ailleurs établi cela. Le colon français, premier propriétaire du terrain, a vendu ses biens à M. et Mme Jean-Baptiste Irbin-Fricard qui les ont revendus au dénommé Okbi Ben Amara, pour qu'enfin la tribu d'Ouled Chlih s'y installe par seing privé. En outre, plusieurs parmi les présents à la réunion, que nous avons rencontrés, menacent de poursuivre le signataire du procès-verbal, Saleh Bouhmatou, P/APC de Oued Echaâba, pour diffamation. Le nouveau plan d'urbanisation de la commune vient, pour sa part, accentuer le conflit, puisqu'au village de Oued Echaâba, il n'y a pas une seule assiette foncière relevant du domaine public qui ne soit contestée. Les nouveaux terrains intégrés dans le secteur urbain sont, pour la quasi-totalité, du domaine privé et voient le prix du foncier augmenter significativement. Transférer les lots de terrain vers un autre secteur, source de conflit, se révèle une opération des plus sensibles. Confronté à ces accusations, le P/APC nous a affirmé que cette réunion n'a aucune forme légale. Pour lui, ceux qui détiennent des actes notariés sont les propriétaires légitimes des terres. A la question de savoir si le rapport est diffamatoire, il dira qu'il ne vaut rien aux yeux de la loi et que seuls les actes comptent. «S'ils veulent porter plainte qu'ils le fassent», a-t-il ajouté. Par ailleurs, Belgacem Arar, responsable du service technique nous affirme que si ces habitants arrivent à prouver leurs déclarations, ils seront indemnisés mais les terrains expropriés ne leur reviendront pas, puisque l'intégration de ces lots s'est faite avant 1990, période où la loi d'expropriation ne prévoyait pas de «négociation» avec le propriétaire du terrain. Selon des sources bien informées, un député, issu de la région entretiendrait ce conflit à des fins personnelles.