Organisée par la délégation de la Commission européenne en Algérie et par les services culturels des Etats membres de l'UE, cette rencontre, qui s'inscrit dans la continuité de la politique européenne de promotion de l'échange interculturel, a pour objectif de réunir des écrivains de renom des deux rives de la Méditerranée. Dans son discours d'ouverture hier matin, Laura Baeza, ambassadrice et chef de la délégation de la Commission européenne à Alger, a rappelé que l'Union européenne est l'exemple de la reconnaissance de la nécessité vitale de surmonter les divergences entre les peuples pour coexister, pour construire un avenir qui ne peut qu'être commun. « Cette approche est une première, et cela représente un défi à relever, mais aussi un symbole très important de rapprochement entre les politiques et les hommes de culture de toute région. La rencontre d'écrivains euro-algériens aujourd'hui s'inscrit dans ce contexte. Je suis fière de souligner que c'est la première qui soit organisée dans la région, faisant suite aux conclusions des ministres de la Culture euro-méditerranéens » dira-t-elle. Durant la matinée, cinq orateurs ont donné de brillantes communications axées sur la thématique « Ecrire une pensée sans frontières ». Le modérateur suédois, Henning Mankell, a préconisé l'éradication de l'analphabétisme et de la misère. Selon lui, rien ne pourrait être sauvé sans les poèmes. Le philosophe et professeur des universités, Mustapha Cherif, a, dans sa conférence portant sur « L'universel et le spécifique », soutenu qu'autour de la Méditerranée, les acteurs s'impliquent dans le dialogue. Des écrivains, des humanistes, des poètes, des scientifiques des deux rives tentent de réfuter la propagande de la confrontation, de favoriser le partage et la solidarité, de retrouver l'amitié judéo-arabe et islamo-chrétienne... Fasciné par les frontières et la transgression dans les littératures, l'écrivain britannique, Andrew Hussey, a soutenu que la vraie littérature, au-delà des frontières, se situe au niveau de la compréhension et de l'écriture. Dans son intervention portant sur « Toute écriture est mixte, comme tout mariage », Fadéla M'rabet a affirmé que tout écrivain écrit avec une nouvelle langue. « Toute langue est mixte, comme tout mariage. Un écrivain français ne sait pas qu'il est francophone comme tout écrivain de langue française qu'il vienne d'Alger, de Gao ou de Bourg en Bresse. Alger sera à même de créer une culture qui dépassera ses frontières, culture algérienne par sa naissance, par ses producteurs, mais culture humaine et universaliste par sa portée. Elle prolongera, ainsi, l'écho du premier cri de l'homme, cri surgi d'une poitrine africaine. D'un homme qui dit non. L'Algérie a pour vocation naturelle de promouvoir l'humanisme universaliste pour rester fidèle à ses origines : la terre africaine, berceau de l'humanité. » L'après-midi, on a assisté à des interventions autour de la question du dialogue interculturel : le rôle des écrivains dans l'acceptation de l'autre. Aujourd'hui, deux autres thèmes seront abordés par des spécialistes, dont « Europe : terre de métissage culturel », et « L'Algérie, l'affirmation d'une culture ».