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Pourquoi il ne suffit pas de réduire les émissions de carbone Le point de vue de Achim Steiner. Sous-secrétaire général des Nations unies et directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE)
Il y a vingt ans, des gouvernements adoptaient le protocole de Montréal, traité visant à protéger la couche d'ozone contre les émissions de produits chimiques destructeurs. Rares sont ceux qui auraient pu prévoir la portée d'une telle décision. Le protocole entendait expressément faire disparaître peu à peu des substances comme les chlorofluorocarbones (CFC) afin de réparer la fine couche gazeuse qui filtre les ultraviolets, rayons nocifs du soleil. D'ici 2010, près de 100 substances nuisibles à la couche d'ozone, y compris les CFC, auront été supprimées de la planète. Sans les décisions prises il y a vingt ans, les niveaux atmosphériques de ces substances seraient dix fois supérieurs en 2050 et causeraient 20 millions de cancer de la peau et 130 millions de cataractes oculaires supplémentaires, sans parler des dommages au système immunitaire humain, à la faune et à la flore ainsi qu'à l'agriculture. Ces deux dernières années, on a découvert que le protocole de Montréal avait aussi épargné à l'humanité un degré élevé de changement climatique, puisque les gaz qu'il interdit contribuent également au réchauffement planétaire. En effet, selon une étude de 2007, les bénéfices de l'atténuation climatique du traité sur l'ozone atteignent au total 135 milliards de tonnes de C02 depuis 1990, ce qui représente un retardement du changement climatique de 7 à 12 ans. Il n'est donc pas exclu que les leçons tirées du protocole de Montréal aient une portée plus vaste. Les scientifiques estiment maintenant que le changement climatique est dû à 50% aux gaz et polluants autres que le C02, notamment aux composés d'azote et à l'ozone troposphérique formé par la pollution et par le carbone noir, composant des émissions de suie des moteurs diesels et de la combustion inefficiente des cuisinières. Le carbone noir, qui absorbe la chaleur du soleil, représente également de 10% à plus de 45% du réchauffement planétaire. En outre, tandis que le C02 reste dans l'atmosphère durant plusieurs siècles, d'autres polluants, dont le carbone noir et l'ozone, s'y retrouvent pour des périodes relativement courtes en comparaison – des jours, des semaines, des mois, voire des années. Les promesses de réduction et d'élimination de ces émissions auraient donc des retombées quasi immédiates sur le climat. La communauté internationale devrait avoir pour grande priorité de sceller un accord sérieux et lourd de sens au sommet des Nations unies sur le climat, qui se tiendra en décembre prochain à Copenhague.