L'AACC appelle le gouvernement à sortir de son mutisme afin d'annoncer des mesures urgentes, comme il suggère aux autorités algériennes une démarche de trois niveaux à suivre. Ce que redoutait l'association, il y a quelque temps, a été confirmé jeudi, explique son porte-parole, Djilali Hadjadj, par l'enquête conjointe menée par les journaux canadien et italien The Globe and Mail et II sole 24 ore. Ces derniers révèlent que l'entreprise canadienne SNC Lavalin est impliquée dans des affaires de corruption en Algérie, affaires où l'on cite, encore une fois, Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères. Dans un communiqué rendu public à la suite de ces révélations, SNC Lavalin a reconnu que M. Bedjaoui a été «impliqué» avec plusieurs sociétés avec qui elle a obtenu des contrats et des marchés en Algérie. «Ces contrats ont été négociés par d'anciens salariés de la société et, au meilleur de notre connaissance, sont des arrangements commerciaux ordinaires à l'époque», écrit le porte-parole de la compagnie. Partant de là, l'AACC s'interroge s'il s'agit là d'un début des affaires Sonatrach 3 et Sonelgaz 1, et d'autres entreprises algériennes ? Djilali Hadjadj rappelle que l'implication de SNC Lavalin dans des scandales de corruption dans les régions du Maghreb, notamment la Libye (160 millions de pots-de-vin à un des fils d'El Gueddafi) et la Tunisie, a fait l'objet de révélations fracassantes en 2012, suite à des enquêtes menées principalement au début par des médias canadiens, puis relayés par des enquêtes des autorités suisses et canadiennes. Au niveau international, trois pays mènent d'ores et déjà des enquêtes sur les pratiques délictuelles de SNC Lavalin en Algérie et coopèrent entre eux, à savoir la Suisse, l'Italie (indirectement par l'implication de Farid Bedjaoui) et le Canada. Par ailleurs, l'AACC suggère aux autorités algériennes de procéder à l'éclatement de la vérité sur ces phénomènes de corruption, de s'associer aux enquêtes menées dans ces pays et également de rompre le silence et annoncer sa volonté politique de faciliter toutes les enquêtes diligentées contre SNC Lavalin en Algérie, volonté qui doit, selon l'association, se traduire par des mesures concrètes portées à la connaissance de l'opinion publique. Le gouvernement algérien doit aussi, de l'avis de l'AACC, diligenter, au plan interne, une très large enquête qui commencerait par l'audit de tous les marchés attribués ces dernières années à SNC Lavalin en auditionnant notamment l'ensemble des dirigeants des entreprises algériennes, publiques et privées, cocontractantes et sous-traitantes de ces marchés, ainsi que les ministres de tutelle de ces entreprises publiques et aussi le président et les membres de la commission nationale des marchés au profit de SNC Lavalin et enfin en auditionnant les dirigeants de SNC Lavalin en Algérie, tout en prenant des mesures conservatrices à leur encontre et les responsables des sociétés d'audit et les commissaires aux comptes des entreprises publiques cocontractantes de marchés au profit de SNC Lavalin. A court terme, l'Algérie, note l'AACC, doit se doter d'un nouveau et plus efficace dispositif (législatif, réglementaire, institutionnel et humain) de prévention contre la corruption d'autant plus que l'actuel a montré toutes ses limites et ses nombreuses insuffisances. «Le nouveau dispositif doit être élaboré dans la plus large concertation et l'association est disponible pour engager un dialogue avec le gouvernement à ce sujet», rappelle le porte-parole de l'AACC.