L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) appelle le gouvernement à sortir de son «silence» et à annoncer «des mesures urgentes», par rapport à la nouvelle affaire impliquant la multinationale canadienne SNC-Lavalin dans «des affaires de corruption en Algérie». «Ce que l'AACC soupçonnait et redoutait très fortement depuis quelque temps déjà vient d'être confirmé, jeudi dernier, par l'enquête conjointe menée par les journaux canadien et italien The Globe and Mail et Il Sole 24 ore : l'entreprise canadienne SNC-Lavalin est impliquée dans des affaires de corruption en Algérie», a indiqué l'association dans un communiqué. Dans cette affaire, «on retrouve notamment un des intermédiaires cité dans le tout récent scandale entre la société italienne Saipem et Sonatrach, Farid Bédjaoui, neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères». Au niveau international, trois pays mènent déjà l'enquête sur «les pratiques délictuelles» de SNC-Lavalin en Algérie, et coopèrent entre eux : la Suisse, l'Italie (indirectement par l'implication de Farid Bédjaoui) et le Canada, a ajouté l'AACC. Ainsi, l'association suggère aux autorités algériennes une démarche à trois niveaux. Il s'agit de «s'associer aux enquêtes menées dans les trois pays. Le gouvernement au plus haut niveau doit rapidement sortir de son silence et annoncer sa volonté politique de faciliter toutes les enquêtes sur SNC-Lavalin en Algérie». Cette volonté doit se traduire par des «mesures concrètes» portées à la connaissance de l'opinion publique, car l'Algérie, à l'instar de la Suisse, l'Italie et le Canada, est signataire de la Convention anti-corruption dans les transactions commerciales internationales, de 1997 de l'OCDE. «Le gouvernement algérien doit aussi diligenter au plan interne une très large enquête qui commencerait par l'audit de tous les marchés attribués ces dernières années à SNC-Lavalin», a suggéré l'association. L'association réclame l'élargissement des enquêtes aux dirigeants de SNC-Lavalin en Algérie, en «prenant sans plus tarder des mesures conservatoires à leur encontre, mesures à l'effet de faciliter l'enquête judiciaire ; et aussi, en auditionnant les responsables des sociétés d'audit et les commissaires aux comptes des entreprises publiques cocontractantes de marchés au profit de SNC Lavalin». A court terme, l'association propose d'élaborer «un nouveau et plus efficace dispositif législatif et réglementaire, notamment, de prévention et de lutte contre la corruption». Car, «l'actuel dispositif, inachevé et toujours en cours d'installation depuis 2006, a montré toutes ses limites et ses nombreuses insuffisances», a conclu la même source.