Le temps où l'ANP était infréquentable et, surtout, indésirable sur les marchés internationaux de l'armement est révolu. Des ministres de la Défense de nombreux pays occidentaux se sont succédé ces derniers mois à Alger avec pour mission officielle d'approfondir ou d'établir une coopération militaire. C'est le cas, entre autres, du secrétaire d'Etat britannique à la Défense, Bob Ainsworth, qui a confirmé le 26 octobre dernier, dans un entretien accordé à El Watan, avoir fait spécialement le déplacement dans la capitale algérienne « pour signer un accord bilatéral dans le domaine de la défense entre le Royaume-Uni et l'Algérie ». Un accord, a-t-il ajouté, qui « devrait établir le cadre administratif à même de renforcer les relations bilatérales dans le domaine de la défense et permettre aux deux pays de travailler ensemble de manière plus étroite ». La visite de Bob Ainsworth sera, selon de nombreuses sources, suivie très probablement au mois de décembre prochain de celle du vice-ministre britannique chargé du Contre-terrorisme. Ce regain d'intérêt en Europe ou aux Etats-Unis pour l'Algérie intervient au moment où les autorités viennent de lancer une série d'appels d'offres dans le but d'acquérir des frégates et des hélicoptères de combat. Pour les besoins de l'opération, le Trésor algérien aurait consenti à mettre sur la table près de 12 milliards de dollars. Cette somme serait encore, selon certaines sources, peu de choses par rapport aux enveloppes que le gouvernement algérien compte débourser, à l'avenir, pour moderniser les unités de l'ANP. De nombreux observateurs n'hésitent pas, par exemple, à expliquer l'empressement de Londres à boucler son accord de défense avec l'Algérie par sa volonté de se placer au plus vite sur le marché algérien de l'armement, dont la part du lion est détenue, à ce jour, par les constructeurs russes. En dépit de l'affaire dite des « Mig défectueux » – qui a jeté, un certain temps, le froid sur les relations algéro-russes –, il est peut probable cependant que la tendance s'inverse à moyen terme au profit d'un autre constructeur. La remarque vaut, selon de nombreux spécialistes, notamment pour tout ce qui est chasseurs, bombardiers et chars. La raison est simple : il est difficile, pour des motifs évidents de maîtrise, de voir l'ANP changer du jour au lendemain de constructeur. Quoiqu'il en soit, les constructeurs européens ne désespèrent pas de parvenir à convaincre l'armée algérienne d'opter pour leurs équipements. En tout cas, Londres ne cache pas son souhait de « faire partie d'éventuels plans pour équiper les forces armées algériennes ». A ce propos, Bob Ainsworth a indiqué qu'il ne ménagera aucun effort pour soutenir l'industrie britannique à l'étranger (entendre au Maghreb) du mieux qu'il pourra. Même si cela doit prendre encore du temps. En attendant, il semble bien que l'Italie soit le pays le mieux placé pour remporter le marché des frégates. Des sources proches du dossier ont annoncé, il y a 15 jours, que l'Algérie était en effet en phase de « négociations avancées » avec le gouvernement italien pour la conclusion d'un contrat de ventes d'armement qui porterait sur l'acquisition de quatre frégates modernes avec des systèmes de camouflage et d'une soixantaine d'hélicoptères. Comment l'Italie a pu prendre de vitesse par exemple un pays comme la France qui était présentée pourtant comme étant sur le point de remporter une partie du marché ? Difficile de le savoir, d'autant que le marché des ventes d'armes n'est pas du tout connu pour être transparent, y compris dans les démocraties avancées. Bien au contraire, il oscille très souvent au gré des fluctuations incertaines de la politique.