La militante algérienne, Hamida Ben Sadia, est décédée jeudi en France. Elle était de tous les engagements de ces dernières années : dans les mouvements lycéens, le combat antiraciste, contre le Traité constitutionnel européen, combat palestinien, sans-papiers. Elle avait reçu un prix international, notamment pour ses prises de position courageuses contre l'intégrisme en Algérie, rappelle le Parti de gauche qui lui rend hommage. Elle était également une militante active dans les quartiers populaires de son département de la Seine-St-Denis. Féministe, elle ne se rangeait pas vers des mouvements comme « Ni putes ni soumises ». Elle s'était ainsi opposée, comme une partie de l'extrême-gauche française, à la loi sur le foulard à l'école. Dans son livre publié en mai 2008, Itinéraire d'une femme française : Clamart, Bab El Oued, Epinay-sur-Seine (éditions Bourrin à Paris), elle s'expliquait sur ce qu'elle ressentait au sujet de la question des femmes musulmanes. La Kabyle, fille d'immigrés, qui avait souffert de ça en tant qu'épouse bafouée au pays, n'ignorait rien du calvaire vécu par des femmes. Elle se méfiait cependant des instrumentalisations. Elle écrivait : « La question des femmes musulmanes opprimées est devenue, au fil des ans, une question politique. Tant mieux. Mais au service de qui ? Des femmes elles-mêmes, comme on le prétend généralement, ou d'une machine sociale ? Jusqu'où peut-on parler de la réalité de femmes de tradition musulmane sans ouvrir un boulevard aux propagandistes de la haine ? Comment concilier antiracisme et féminisme ? On ne cesse, depuis des années, de nous demander d'ouvrir les yeux sur la ''condition des femmes musulmanes''. Pourquoi pas ? Mais cela ne doit pas avoir pour but d'occulter ce qui nous dérange et de masquer d'autres débats, tout aussi essentiels. Il y a, en France, un racisme bien plus présent qu'on ne l'admet généralement, des injustices criantes, des politiques iniques qui enfoncent chaque jour davantage des pans entiers de la population, hommes et femmes confondus, dans la misère et le désarroi. Nous ne pouvons plus regarder le monde en noir et blanc, le diviser en bons et en méchants, en coupables et en victimes. Tel est avant tout le sens de mon témoignage. » El Watan présente ses condoléances à ses enfants et à sa famille.