Une forte affluence est attendue pour la première manifestation de ce genre en terre nord-africaine. «Nous attendons jusqu'à 70 000 participants et de nouveaux acteurs sociaux, explique Abderrahmane Hedhili, du Forum social maghrébin, l'un des principaux organisateurs. De même que Tunis verra la présence de nouveaux acteurs sociaux et une forte participation maghrébine avec des délégations de chacun des cinq pays de l'UMA.» L'Algérie sera, comme ses voisins, présente à Tunis, à travers une caravane qui devrait partir d'Alger et de Béjaïa dimanche prochain. «La participation algérienne, compte tenu de l'organisation du Forum social mondial à Tunis, sera faible, regrette le journaliste et militant des droits de l'homme, El Kadi Ihsane. Cela prouve juste l'état de faiblesse du mouvement associatif algérien. Il y aurait pu y avoir plus de 1000 de nos concitoyens à Tunis, et finalement ils se retrouveront là-bas à moins de 100». Les raisons de cette faible mobilisation ? El Kadi Ihsane évoque les années Bouteflika : «On a empêché la création d'associations, de syndicats ; on a malmené les associations indépendantes qui existaient déjà. C'est tout un pan de la société civile qui se retrouve en quelque sorte bâillonné.» Pour Sabrina Zouaoui, du Mouvement de la jeunesse indépendante pour le changement (MJIC), «la présence algérienne aurait pu être plus importante, mais faute de moyens, nous nous contenterons du strict minimum». Les préparatifs allaient encore bon train pour le départ de la caravane, puisqu'une réunion de mise au point devait avoir lieu hier soir. «Une soixantaine d'associations devraient normalement participer au FSM de Tunis, ajoute Sabrina Zouaoui, parmi lesquelles le RAJ, l'association Tharoua Fadhma n'Soumer, le CLA, le Cnapest, la LADDH, SOS Disparus… Nous avons même préparé un slogan intitulé : ‘‘Pas à pas, pierre par pierre, main dans la main pour un Maghreb uni''.» Optimiste malgré tout, elle espère, avec les autres associations et mouvements, créer un véritable forum social algérien, mais pour ce faire, «il faut une véritable dynamique à l'échelle nationale». Sur ce point, elle est rejointe par El Kadi Ihsane qui ajoute toutefois que «ce FSM de Tunis est une immense occasion d'ouvrir l'Algérie au monde, mais aussi une occasion de faire le point sur l'état des luttes sociales en Algérie». Toutefois, le chemin est encore long. «C'est malheureux à dire, ajoute El Kadi Ihsane, mais il n'y a pas de thématique propre à l'Algérie, voire au Maghreb. Le chemin est encore long avant que l'Algérie ne s'affirme vraiment dans ce genre de manifestation.»