Cependant, que le président de la République veuille bien passer dans la ville ou non, il est des transformations qui font plaisir à voir et qui se multiplient en fonction des itinéraires et lieux où la délégation marquerait une halte. Chaque citoyen peut très aisément tracer le trajet en tenant compte de ces petits riens qui font la vie quotidienne : le rouge et le blanc du stationnement interdit mais qui est passé sur le bas des trottoirs uniquement pour faire joli ; les lignes continues divisant les chaussées en deux mais qui n'interdisent nullement de doubler ; les dos d'âne enlevés afin d'interdire la vue des personnalités lors du passage à toute vitesse du cortège présidentiel. Une longue parenthèse s'ouvre à ce point : nombre de jeunes enfants ont été la proie de chauffards ignorant la limitation de vitesse au centre-ville et qui ne trouvent aucun frein à leur démence ! Une fillette a été renversée ce lundi sur l'avenue Amara Youcef - route de la gare -par une Cielo qui perdra son rétroviseur à la suite du choc contre le dos de la frêle petite. Juste avant cet accident, un bus tentait de mener la vie dure à une Golf sur le même trajet. Vivement la venue puis le départ du président parce qu'il existe un autre drame. Il est strictement interdit de toucher à une chaussée fraîchement renouvelée et c'est un îlot de maisonnées qui subit les affres de cet hiver après l'éclatement d'une conduite de gaz de ville ; le service technique de Sonelgaz doit recourir à tout un détour pour réalimenter les résidents et cela coûtera la bagatelle de 250 000 DA, faute de traverser - seulement - la route pour brancher sur une autre conduite. On pourrait changer l'itinéraire du président et le faire passer par toutes ces rues - il n'est pas question des ruelles et des impasses - où les nids-de-poule, les bosses, les mares d'eau de pluie font subir aux automobilistes et aux piétons le martyre. Nombre de filles sont revenues chez elles afin de ne pas entrer en classe ou dans les bureaux avec des pantalons, des robes, des vêtements tout trempés par les éclaboussures. Il peut être proposé cependant des rues où l'état des routes fait penser à « là-bas », où les dos d'âne ne se justifient point et qui permettent de ralentir uniquement sans doute pour « apprécier » le trop-plein de modèles architecturaux. Qui paie la note pour ces endroits que tout le monde connaît ? Les poids et les mesures ne rechignent devant aucun embarras, et ces mauvais exemples éloignent indubitablement ce citoyen électeur de sa chère patrie. Dernier fait, étrange par son contenu : un citoyen n'osant pas signer son placard se permet de parler au nom des habitants pour prétendre que le wali a nettoyé la ville en rasant le quartier Bécourt ! Ces curieux remerciements anonymes cachent mal des intérêts matériels lorsqu'on sait que l'opération va générer des milliards de centimes, qu'opérer un assainissement peut revêtir d'autres formes qu'un déménagement forcé et que l'Histoire retiendra les faits.