Le Sylvain Kassap Quartet ce sont Hélène Labarrière à la contrebasse, Didier Petit au violoncelle et voix, Edward Perraud aux percussions et Sylvain Kassap à la clarinette. En fait, c'est « Hélène et les garçons » dans le vent...en poupe et au souffle frais et surtout aéré. Car, dans l'air du temps « anachronique » et du tempo détonnant et se défaussant de toute rectitude ou autres contraintes musicalement parlant. Car le quatuor, emmené par l'éminence grise Sylvain Kassap, évolue en toute liberté. Le Sylvain Kassap Quartet est une bande… originale. Il a appliqué à la lettre le free jazz (le jazz libre). Aussi, il ne fait pas dans la figure imposée mais dans la figure de style personnel et personnalisé. Une liberté de ton ! Un affranchissement se déclinant comme un jazz pas du tout « intello » ou encore shakespearien : Much a do about nothing (beaucoup de bruit pour ne rien faire). Et le public algérois, médusé, a fait du bruit pour lui en découvrant sa musique. Il l'a encouragé comme on dit dans le jargon du rap. Un jazz expérimental dont le son est filé à partir d'improvisation et d'exploration. Jurant avec le tout technoïde, numérique et assisté, Le jazz du Sylvain Kassap Quartet est homéopathique, acoustique et intimiste. Une immersion totale dans une « polyphonie » aux manœuvres orchestrales comme dirait le très New wave oMD où chaque musicien à sa minute de gloire. Et ce, en offrant un répertoire artisanal, fait main, mais arrachant des sons « gonflés » aux instruments respectifs sans adjuvants techniques. Ainsi, sommes-nous transportés dans un « trip » où s'entrecroisent un bestiaire sonique illustré par des feulements, henissements, barissements et coassements non sans effet « bœuf », un tumulte où rivalisent scratch du vinyl, borborygmes, larsen, sifflements, couinement ou encore crissement. Cette tablature jazzy, minimaliste, explore aussi bien la « blue note » que le quart de note oriental, le mode maqam, les douze barres du blues, le beat tzigane, slave, médiéval, folklore marocain, berceuse pop (un chef d'œuvre), syncopes du steady rock( déclinaison du reggae) et ses cordes basses groovy piquées magistralement par Hélène Labarrière depuis sa contrebasse démontable ( sous forme de kit, pratique pour les voyages et les tournées). Didier Petit brillera par ses langoureux solos de archet jouant du « moody blues » et puis son scat choral, Edouard Perraud fera un tabac avec ses trouvailles et autres idées trapues en matière de percussions et recherche qui tape à l'œil et à l'oreille. Et puis, Sylvain Kassap, souffle, siffle et persifle tantôt sur une clarinette tantôt deux au « bec » créant ainsi des effets sonores inattendus et inédits sans courant alternatif ou bien celui d'AC/DC. Il survole et vole dans les airs librement. Bref, dans ce tumulte, le Sylvain Kassap Quartet, n'était pas les quatre malfrats, malfaiteurs assassinant le jazz mais des bienfaiteurs pour nos feuilles. Un boucan d'enfer ! Avec en prime de l'émotion, du caractère, et de l'éloquence de cet espéranto en épreuve libre faisant perdre son latin à Zamenhoff.