Pleins feux sur trois musiciens dont la musique coule à flots et roule à cent à l'heure. Trois bonhommes, tous gris ou noirs vêtus, occupent le milieu de la scène de la salle Ibn Zeydoun de Riadh El-Feth. «Nous sommes heureux d'être parmi vous ce soir. C'est notre deuxième concert en Algérie, après celui d'Annaba où on a eu un superbe accueil. C'est le même qu'ici, même si le temps a changé (il pleut). Alger est une ville immense. On est heureux de la découvrir comme cela aussi», confie en substance le saxophoniste Sylvain Beuf. Accompagné de Diego Imbert à la contrebasse et de Franck Agulhon à la batterie, Sylvain Beuf trio expérience fera découvrir lundi dernier un répertoire jazzy bien original, plein de fraîcheur et de rebondissement. Légèreté, romantisme, liberté, il y a tout cela à la fois. Après la coutumière Calypso, place à 267, un titre qui figure sur l'album Another building. Le trio fait sonner cuivre et cordes. Il y a de la métamorphose dans l'air. La contrebasse se transforme en derbouka, tandis que la caisse de la batterie en tambourin. Les musiciens font «raisonner» leurs instruments. Cette «ronde» du jazz se veut un accord parfait entre le scintillement de la batterie, le son épais de la contrebasse et le souffle énergique du saxophone. Les trois musiciens nous font découvrir quelques morceaux devant figurer dans leur prochain album. Des titres qu'ils ont «eu le plaisir d'enregistrer il y a un an». La sortie de cet album en France est prévue pour début mars. On y trouvera entre autres Angela, un titre qui évoque le nom de la cousine de Diego Imbert, ou encore Tep boudien, un plat sénégalais, traduit ici en notes véritablement exquises. La musique de Sylvain Beuf produit un son pur, tantôt lent en demi-teinte tantôt brillant et tumultueux. Un peu plus costaud. Son répertoire est composé aussi de standard à l'image de The way ou look's tonight. Sylvain Beuf gratifiera aussi le public d'une prestation solo plongeant le public dans un silence religieux. Il sera suivi de ses deux compères pour une ballade blues des plus mélodieuses. Et c'est encore un réveil difficile à 5 heures du matin pour prendre le premier vol, destination Oran, cette fois-ci pour clôturer cette petite tournée algérienne et ce, grâce au CCF. «Mais quand on est sur scène, on oublie tout, on joue et on est bien face au public!», confie Sylvain Beuf. Sacré en 2000 dans Les victoires de la musique comme Nouveau talent jazz références scéniques, ce groupe a, en effet, de l'énergie à revendre ! Invité au forum de Djazaïr News, à la salle El-Mougar, Sylvain Beuf a évoqué son riche parcours jalonné d'une quête d'une musique authentique. Le trio a avoué aimer introduire des nouveautés en essayant de s'ouvrir sur d'autres styles de musique. Ce fut le cas...