Elles sont dix à vouloir illustrer par la peinture, l'ombre et la lumière leur intérieur insaisissable et fatidique, façonné par des années de doute et de questionnements sur une vie qui ne leur appartient plus et qui leur échappe, et une dure réalité toute faite d'amertume et de désarroi. En allant de la vieille Casbah d'Alger, où se mêlent de nombreuses taches noires et des murs fissurés, au-dessus desquels trône le mausolée, qui rappellent la ruine et l'abandon, illustrés par le tableau de Medah Fatima. Elle a réalisé dans un symbolisme profond, jusqu'au monument du combattant, trahi par des saisons violentes, volé en éclats de verre, comme les demeures voisines secouées par un terrible séisme, tandis que son second tableau retrace un chemin de tristesse qui se lit sur le visage de l'artiste émue, qui n'ose pas formuler sa douleur devant une médiocre réalité où viennent poser des fleurs noires. Ceux qui n'aiment pas la vérité et qui veulent «suspendre» un quatrième tableau noir de notre belle artiste algéroise lasse… Il y avait un troisième tableau, qui m'avait presque échappé, peint par des artistes invisibles, qui aiment beaucoup le rouge et le noir, d'un surréalisme et d'un abstrait très violents, qui n'a tout de même pas altéré le regard des visiteurs inquiets… Plus loin, un tableau de Koreïchi Soraya, nous dévoile une femme plongée dans diverses couleurs sombres, entre le bleu du Nord et le jaune du Sud, laissant quand même s'échapper une petite tache blanche, un semblant de lumière, d'où sortira, peut-être, cette femme noyée presque insaisissable et invisible… Parmi ces artistes au féminin, Megari Fadéla, nous propose dans la simplicité de l'art naïf, des tableaux qui véhiculent les vraies valeurs ancestrales, qui ont échappé aux vicissitudes des invasions orientales et occidentales. Chaque motif de son tableau raconte un siècle d'histoire et parfois plus. Comme les gravures rupestres des tableaux de Bouklal Samira, caressées par le sable et le vent. Modeste artiste, et de quelques coups de pinceau, elle ressuscite des siècles d'histoire… Le retour à l'authenticité apporte une lueur d'espoir, quand on contemple les œuvres de l'artiste Fouzia Menouar. Des tableaux classiques et surprenants, où la tenue traditionnelle, ancestrale a presque la même forme et la même composition pour toutes les régions du pays. Comme pour nous rappeler que l'Algérie est une et indivisible, depuis la nuit des temps. Dans les tableaux de Boudjlaghi Mabrouka, on découvre, dans un univers gai et coloré, les chemins qui montent, qui sont parfois circulaires ou triangulaires, mais nous ramènent vers le haut, d'où se dégage une lumière. Notre artiste, qui garde beaucoup d'espoir, dans un réalisme presque parfait, nous propose dans des tableaux magnifiques, illuminés par des jarres et des couffins, sans sable et sans poussière, la certitude d'un avenir meilleur.