Expression n L'exposition du plasticien Tarek Mesli se poursuit à la galerie Mohamed-Racim. De l'ordre contemporain, l'exposition, qui regroupe des créations sur divers supports, a pour titre «Cadre d'identité». Elle est constituée d'une installation vidéo, du diaporama d'une performance, d'une série de photographies et de tableaux. Cette dernière s'organise autour de trois catégories : Les Invisibles, Les Reflets, Les Autres. Ce que nous en retenons ce sont les personnages figurant sur chaque surface du tableau et notamment la manière dont chacun est conçu. Dans la première, les personnages, aux silhouettes imprécises, sont anonymes. «Quand nous regardons ces personnages, nous ne savons pas si ce sont des hommes ou des femmes», explique Tarek Mesli, ajoutant : «Nous voyons essentiellement des effets vestimentaires, mais nous nous rendons compte qu'il n'y a pas de tête, de visages, de corps, il y a juste une espèce de personnages, comme s'il s'agissait d'hommes invisibles.» «Le personnage disparaît, presque blanc sur blanc, de taches noires, où là c'est carrément de l'ordre du croquis sur fond blanc», reprend-il. Ainsi, dans cette série, on passe de la toile classique par le support où il y a différents traitements – c'est une surface chargée – à une surface stylisée, imaginée simplement. «C'est quelque chose de presque minimaliste», précise-t-il. En regardant les personnages de cette série, on ne sait plus qui est qui, qui se cache derrière telle ou telle autre apparence. La deuxième série a pour titre Les Reflets et est composée, comme la première, de tableaux à la composition différente de la précédente : nous sommes dans un support exactement similaire au premier du point de vue de la toile, «mais nous remarquons que les personnages que nous voyions précédemment sont découpés», souligne l'artiste, expliquant : «Ce vide-là se remplit par notre image, donc ce n'est plus le personnage peint.». Il y a le cadre recouvert d'une toile et en dessous est placé un miroir qui renvoie notre image. «C'est dans une volonté de dépasser la distance qui existe entre le spectateur et l'œuvre. Cette distance est symbolisée par la présence du spectateur dans l'œuvre», dit-il. L'image qui se reflète, s'inscrit alors dans une volonté d'intégrer le spectateur dans l'œuvre. Enfin, la dernière série, Les Autres, dont le support et le nombre sont certes identiques aux séries précédentes, mais la façon dont les personnages composent les tableaux sont différents en ce sens qu'ils sont représentés. L'artiste fait ressortir un des éléments qui est à l'intérieur et lui donne toute sa dimension et son volume : il le rend visible, palpable, identifiable. Ainsi, on passe, dans un jeu d'ombre et de lumière, de part et d'autre de la frontière, frontière séparant le visible de l'invisible, le palpable de l'abstrait, l'anonyme de l'identifiable, d'une peinture classique, sur support chargé, avec des pigments appliqués à une peinture exécutée à la manière de la technique du collage, c'est-à-dire mettre quelque chose en dessous et faire apparaître aussi ce qui ne se voit jamais, à savoir la face cachée de la toile. Et en passant également par ce souci d'en dégager un élément, de le faire ressortir et de lui conférer son caractère et son relief. Avec cette création, nous ne savons pas de quel côté nous sommes, où est l'œuvre, est-ce que l'œuvre est juste la partie peinte, ou va-t-elle au-delà du cadre, et où commence ou finit l'œuvre ? Yacine Idjer