Le 30 mars dernier, Tunis accueillait des participants de tous les continents pour le Forum social mondial. Au même moment et à quelques kilomètres de là, l'association Art solution réunissait le monde des Breakdancers à l'Accropolium de Carthage pour la troisième édition de l' « Open cypher session ». Pendant deux heures, les danseurs – que les connaisseurs nomment BBoy pour Breakdance Boy – ont du faire leurs preuves dans des cercles de danse, appelés « cyphers ». Trois juges, des danseurs professionnels, ont sélectionné les 24 meilleurs d'entre-eux qui se sont ensuite affrontés par équipes de trois. Quatre quarts de finale, deux demi-finales et une finale plus tard, l'Open cypher session édition 2013 tenait ses trois vainqueurs : BBoy Aymen, BBoy Montasar et BBoy Zied. Cette année, les organisateurs avaient pour ambition d'organiser « le plus grand événement de Break dance Nord Africain ». La proposition d'un groupe de performers algériens de présenter un show d'arts urbains est donc tombée à pic. « J'ai contacté Art solution via Facebook », explique Chemseddine Habhoub, le manager du groupe. Après avoir organisé le festival « Algerian street art » à Bejaïa en octobre dernier, il a réuni plusieurs disciplines des arts urbains pour créer le show « Dziri style ». Il ajoute : « Deux semaines avant l'événement, nous avons eu l'accord des organisateurs. Nous nous sommes réuni à Bejaïa pour préparer le spectacle et nous voilà à Tunis pour notre première représentation. » Le premier sur scène est Ammar, alias Power beat. Sa touche personnelle : un harmonica qu'il utilise en même temps que ses talents de beatboxer. Youssef, alias BBoy Haiper et Yanis (freestyle basket) font ensuite leur entrée. Juba alias BBoy Lil Sky, Abdeljalil el Agha (freestyle basket) et Yacine (freestyle foot) complètent le groupe. La chorégraphie mêle la breakdance, le freestyle de foot et de basket, avec une bande son composée uniquement des bruitages et rythmes de Powerbeat. Après huit minutes, la prestation se termine sous les applaudissements nourris d'un public composé en grande partie de breakdancers. L'intermède "Dziri style" s'est déroulé entre les qualifications et les phases finales de l' "Open Cypher". Ce samedi 30 mars, les danseurs sont venus en nombre. Plusieurs cercles de danse se sont formés dans la majestueuse salle de l'Acropolium de Carthage pendant les deux heures de sélection des finalistes. Les organisateurs estiment avoir réuni près de 170 participants. Dès l'arrivée des juges, les danseurs sont survoltés, impatients de montrer leurs talents. Il n'existe pas d'ordre de passage dans les cercles donc c'est vite la cohue. Chouaib, un des organisateurs de l'événement et également BBoy, prend le micro : « Vous avez deux heures pour vous exprimer ! Prenez votre temps et laissez les autres danser. » Les trois juges sont les anglais Roxy et Zorro et l'allemand Jaekwon, des figures reconnus dans l'univers du Breakdance. En amont de la compétition, Roxy et Zorro ont animé des ateliers avec des jeunes Tunisiens dans plusieurs villes du pays. Le Maghreb a bel et bien été représenté dans la compétition avec quatre BBoys marocains (Hatouta, Wolf, Bisbis et Simo), deux Libyens (Vegeta et Ray Rayo) et les deux Algériens (Haiper et Lil Sky). Un premier pas vers l'organisation d'un évènement d'importance au Maghreb. Evidemment, les Tunisiens représentaient l'écrasante majorité des participants. Ici, BBoy Ray Rayo de Tripoli lors des phases finales de la compétition. Youssef et Juba, les deux BBoys algériens, ont été parmi les 24 qualifiés. En finale, Juba et ses deux co-équipiers se sont inclinés face à une équipe 100% tunisienne. Le prix de la combativité et de l'endurance revient sans conteste à ce tout jeune BBoy qui a impressionné ses aînés par son envie d'en découdre. Pas le moins du monde intimidé, il s'est même payé le luxe de défier BBoy Zoro, qui a répondu de bonne grâce. La relève est assurée.