Longue et difficile fut la naissance du nouveau gouvernement palestinien, du Premier ministre sortant, Ahmad Qoreï. Reconduit à ce poste par le nouveau président palestinien Mahmoud Abbas, élu le 9 janvier, afin de constituer un nouveau gouvernement, Ahmad Qorei a été contraint par le CLP (conseil legislatif palestinien) de revoir à trois reprises la liste de ses ministres. Dans les deux premières tentatives, le cabinet était presque identique à celui en place depuis novembre 2003. jeudi, la nouvelle formation a obtenu l'aval du CLP, constitué de 83 membres majoritairement du Fatah (62 élus), le parti du premier ministre Qoreï et du président Abbas. 54 membres ont voté pour, 10 ont voté contre et 4 se sont abstenus. « Je remercie les membres du CLP qui nous ont accordé cette écrasante majorité », a déclaré M. Qoreï à la presse après le vote. Dans la même soirée, les membres du nouveau gouvernement ont prêté serment devant le président, à la Mouqataâ, quartier général du président à Ramallah. M. Qoreï, en poste depuis novembre 2003, a été contraint de présenter au CLP un cabinet de 25 ministres, dont 17 nouveaux, composé largement de « technocrates » après le refus des députés d'accorder leur confiance lundi à une première mouture comptant plusieurs ministres jugés inefficaces ou corrompus. Le nouveau cabinet compte parmi ses principaux ministres un neveu du défunt leader Yasser Arafat, Nasser Al Qidwa, aux Affaires étrangères, l'homme fort de la bande de Ghaza Mohammad Dahlane aux Affaires civiles et Nasr Youssef à la Sécurité. Le ministre des Finances sortant, Salam Fayad, dont les efforts pour assainir les finances de l'Autorité ont été salués à l'étranger, est maintenu à son poste. Le ministre sortant des Affaires étrangères Nabil Chaâth a été désigné vice-Premier ministre et ministre de l'Information. Des proches de Arafat ou des caciques du Fatah, comme le ministre sortant de l'Intérieur Hakam Balaawi, celui en charge des Négociations Saëb Erekat, des Communications Azzam Al Ahmad ainsi qu'Intissar Al Wazir, la veuve de Abou Djihad (Affaires sociales) ne figurent pas dans le nouveau cabinet. M. Erekat reste toutefois à la tête du département des Négociations de l'OLP et à ce titre négociateur en chef avec Israël, a indiqué un communiqué du président palestinien Mahmoud Abbas. Pour beaucoup d'observateurs, la difficulté qu'a rencontrée Ahmad Qoreï dans la constitution de ce gouvernement, reflète les profondes divergences qui existent au sein du Fatah même. Ce parti, au pouvoir depuis la création de l'Autorité palestinienne, vit en son sein des luttes entre ceux qui se disent réformistes et ceux de la vieille garde, proches du feu président Arafat, qui controlent ses instances dirigeantes. En tous les cas, à l'approche des élections législatives prévues en juillet, si le Fatah ne veut pas revivre les déboires des élections municipales de Ghaza où il a été largement dominé par le Hamas, il devra montrer plus de cohésion en son sein. Il y va du devenir de ce parti qui a paru en très bonne forme lorsqu'il a réussi à faire élire son représentant, Mahmoud Abbas, à la tête de l'Autorite palestinienne. Au niveau de la rue palestinienne, les partisans du Fatah sont convaincus que le parti doit se débarrasser de toutes les figures corrompues. Selon eux, c'est le prix à payer pour qu'il reprenne la place qui lui est due.