Le Premier ministre palestinien désigné doit peaufiner son cabinet avant de le présenter devant le CLP. Il était prévu que le nouveau Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, présente aujourd'hui son cabinet au Parlement (CLP, Conseil législatif palestinien). Toutefois, des difficultés, d'ordre technique, ont retardé cette présentation à jeudi. La formation gouvernementale mise sur pied par le successeur de Mahmoud Abbas, a été approuvée en début de semaine par le Fatah. Commentant ce léger contretemps, Nabil Abou Roudeina, conseiller du président Arafat, a seulement indiqué que «M.Qorei n'a pas encore tout à fait achevé la formation de son cabinet et il pourrait attendre jusqu'à jeudi pour le présenter devant le Conseil législatif palestinien». En fait, l'enjeu de la formation du cabinet Qorei est important autant pour le président palestinien, que pour Israël qui attend d'un gouvernement palestinien qu'il passe à l'action contre le «terrorisme» palestinien. Mais, c'est d'abord la question des prérogatives qui seront celles du nouveau cabinet et, notamment, les attributions accordées au ministère de l'Intérieur, point d'achoppement et raison principale de l'échec de Mahmoud Abbas, qui seront au centre des discussions. C'est dire qu'il reste encore à définir les prérogatives qui seront celles du général Nasser Youssef, nouveau titulaire du portefeuille de l'Intérieur lequel, selon le quotidien palestinien Al-Qods, devait rencontrer MM.Arafat et Qorei, pour que lui soient «fixées ses prérogatives exactes». Apparemment ce serait là l'une des difficultés techniques qui a retardé l'annonce officielle du cabinet Ahmed Qorei. Notons aussi que le ministre délégué à la Sécurité, dans le cabinet Abbas, Mohamed Dahlane, n'a pas été reconduit, selon des sources palestiniennes, de même que le poste de délégué à la Sécurité n'a pas été prévu dans le nouveau cabinet Qorei. Si les «caciques» qui ont fait partie de tous les gouvernements palestiniens, depuis l'institution de l'Autorité autonome, ont été reconduits une certaine ouverture semble avoir été faite en direction des autres factions palestiniennes, même si le Fatah, du président Arafat, continue à bénéficier de la part du lion. Toutefois ce n'est pas là le plus important, singulièrement dans la perspective de la mise en oeuvre de la «feuille de route». Ce qui importe en fait, du moins comme l'exigent les Etats-Unis, notamment, est relatif à l'autonomie des ministères de l'Intérieur et des Finances par rapport au président Arafat, et l'intégrité des hommes appelés à les diriger. Le premier dans l'optique d'Israël et de Washington est le fait qu'il importe que le ministre de l'Intérieur ait les coudées franches pour lutter contre «le terrorisme» des mouvements radicaux palestiniens, le second, un ministre des Finances capable de soustraire les aides internationales à l'Autorité palestinienne de l'emprise de Yasser Arafat accusé par ailleurs de corruption. L'attribution de ces deux postes, particulièrement sensible, notamment, celui de l'Intérieur, constitue donc un enjeu qui déterminera l'indépendance du cabinet Qorei par rapport à l'influence du président Arafat qu'Israël et les Etats-Unis, -qui le boycottent ostensiblement-, essaie depuis deux ans de l'éliminer du champ politique palestinien. Sans succès, jusqu'alors, bien au contraire, la récente décision du cabinet Sharon d'arrêter le «principe» de se «débarrasser» du président palestinien a suscité un tollé de la communauté internationale et a tourné à la confusion d'Israël, contraint d'opérer un recul, même si Sharon se réserve le «droit» de revenir à la charge contre son vieil ennemi palestinien. Dans ses dernières intervention, M.Qorei à notamment insisté sur sa détermination de «préserver l'unité nationale» tout en affirmant que son cabinet appliquera «les engagements» pris dans le cadre du processus de paix. Reste à savoir comment, il compte mettre cette détermination en pratique, lorsqu'il semble patent qu'Israéliens et Américains attendent du gouvernement palestinien une seule chose : la chasse aux résistants palestiniens, identifiés comme «terroristes». Il est évident aussi, que la tâche du nouveau Premier ministre désigné, Ahmed Qorei, partagé entre son attachement à préserver «l'unité nationale» et les exigences des «engagements» envers le processus de paix, ne sera guère aisée. Mais avant cela il faudrait encore que le cabinet Qorei soit validé par le Parlement palestinien.