En plus du problème récurrent du manque de finances, d'infrastructures, la gestion de tous les clubs professionnels et des autres paliers n'a pas changé pour autant. Faute de vrais gestionnaires rompus au travail de management, nos clubs continuent de fonctionner de manière archaïque, au bon vouloir des présidents qui ont, le plus souvent, tous les pouvoirs. Beaucoup onnt cru qu'avec l'instauration du professionnalisme, il y aurait un nouveau mode de gestion avec plus de rigueur et compétence, comme nous l'a confirmé l'entraîneur Noureddine Saâdi : «On pensait qu'avec le professionnalisme, le football allait être géré de manière bien définie. Or, chez nous, il a été ouvert anarchiquement, en plus le sujet des clubs des Ligues 1 et 2 est exclusivement centré sur l'argent et rien d'autre.» Pour de nombreuses personnes, la politique de populisme du professionnalisme a ouvert la porte à des dirigeants sans scrupules qui ont fait leur apparition dans le monde du football. Cela ne date pas d'hier. «On connaît la politique du remplissage des salles lors des assemblée générales. C'est ainsi qu'on a dénaturé le bon sens de la démocratie et les AG, car cela ne se passe jamais selon les critères démocratiques», affirme Noureddine Saâdi. «Aucun président de club en Algérie n'a de contrat avec sa société.» C'est ce que nous a affirmé l'ancien président de la Ligue nationale de football, Mohamed Mechrara. Contrat Et d'ajouter : «Avec l'entrée en vigueur du professionnalisme, quand le club est organisé en société par actions, le conseil d'administration a deux choix : soit il désigne le président du conseil d'administration et un directeur général, soit, dans un deuxième cas de figure, nomme une personne qui est à la fois président du conseil d'administration et directeur général. Il est PDG. Un des actionnaires, peut-être le plus important, peut se désigner ou désigne quelqu'un à qui il donne tous les pouvoirs de gestion. Alors il devient, à la fois, président de tout le conseil d'administration et il est en même temps directeur général exécutif.» Mais dans tous les cas, il doit obligatoirement percevoir un salaire afin de pouvoir parler au nom de la société. Ce qui n'est, malheureusement, pas le cas aujourd'hui dans le football algérien. Les présidents ont profité, des années durant, du laxisme des autorités et des instances du football pour devenir superpuissants parfois même avec la bénédiction d'importants responsables de l'Etat. Et la course au «pouvoir» a débouché sur une ruée de nouveaux types de dirigeants prêts à tout pour arriver à leurs fins. Les lois existent, mais c'est l'application qui fait défaut, souligne l'ancien milieu de terrain du MC Alger, Zoubir Bachi. Et d'expliquer : «Les critères sont clairement définis dans les statuts. Il faut que le président possède un niveau universitaire et doit aussi avoir une bonne moralité. Malheureusement, ces critères ne sont pas appliqués. L'application de ces lois pourrait être un barrage aux opportunistes qui profitent du football pour faire du business.» Noureddine Saâdi va dans le même sens en relevant qu'il est inconcevable que le président fasse fonctionner le club avec l'argent des autres et en plus, il fait ce qu'il veut. Enquête Pour mettre le holà à cette situation, la LFP, la FAF, le MJS, mais aussi le ministère de l'Intérieur sont interpellés plus que jamais. «Cette situation nous pénalise, même nous les présidents, parce qu'on laisse la rumeur circuler sur les présidents, comme par exemple ce sont des voleurs. Je suis pour l'instauration de l'enquête d'habilitation pour la désignation d'un président. Ce n'est pas normal qu'on fasse une enquête pour choisir un agent qui travaille dans une banque et qu'on ne fasse pas de même avec un président qui dirige un club de 50 000 supporters», relève le président du Forum des clubs professionnels, Abdelkrim Yahla.