Au cours d'un discours qualifié d'historique par beaucoup d'observateurs, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a annoncé jeudi, d'un ton calme et ferme, son désir de ne pas se porter candidat à la prochaine élection présidentielle. Ghaza. De notre correspondant Au siège de la présidence à Ramallah, devant des membres du Comité central du fatah, du comité exécutif de l'olp et d'autre responsables, le président Abbas, qui semble avoir été fortement déçu par le ralliement des Américains sur la position du gouvernement israélien de droite, relative à la colonisation dans les territoires palestiniens, a déclaré : « J'ai dit aux frères dans le comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et dans le Comité central du Fatah que je ne désire pas me présenter à la prochaine élection (présidentielle). » « je souhaite qu'ils comprennent ce désir, sachant qu'il y a d'autres pas que je prendrai en temps opportun », a ajouté le président palestinien. Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen, âgé de 74 ans, symbole de la modération palestinienne, qui a longtemps cru et qui croit encore en la possibilité de règlement de la question palestinienne par les moyens diplomatiques, qui s'est présenté candidat à la succession de son compagnon de route, le défunt Yasser Arafat, en 2005, avec un programme politique déclaré au cours de sa campagne électorale, excluant la résistance armée, se sent aujourd'hui abandonné et seul en face d'israël, dont le gouvernement est le plus à droite depuis sa création. Ni la communauté internationale ni la nouvelle direction américaine n'ont pu persuader Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien et son gouvernement à aller dans le sens d'une véritable paix ; pis, Barack obama, qui au début de son mandat demandait un gel complet de la colonisation comme le veulent les palestiniens et le président Abbas pour une reprise sérieuse du processus de paix, s'est complètement rallié à la position israélienne qui exige une reprise des négociations sans conditions préalables et qui refuse l'arrêt de la colonisation. la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, l'a dit haut et fort la semaine passée, durant sa visite dans la région : « Les parties doivent reprendre immédiatement les négociations sans conditions préalables. » L'arrêt de la colonisation : perte de temps Et a qualifié la proposition du Premier ministre, Benyamin Netanyahu, de limiter la colonisation de « sans précédent ». Même s'il ne l'a pas dit ouvertement au cours de son discours, la nouvelle position égyptienne annoncée par Ahmad Abou El Gheit, le ministre des affaires étrangères, au cours d'une conférence de presse commune avec la secrétaire d'Etat américaine, au caire, la semaine passée, qui, désormais, considère comme perte de temps l'exigence de l'arrêt de la colonisation, a dû peser lourd dans la décision du président palestinien. « Nous devons nous concentrer sur l'objectif final, plutôt que perdre du temps à exiger telle ou telle chose », avait déclaré le chef de la diplomatie égyptienne. Il ne fallait pas plus pour Abou Mazen pour se sentir trahi, poignardé dans le dos, alors qu'il a dû endurer beaucoup de critiques, d'insultes et d'accusations graves de collaboration avec l'ennemi sioniste par ses détracteurs, que ce soit au niveau local, principalement par le mouvement Hamas, ou au niveau régional. Par la voix de la secrétaire d'Etat, Hillary clinton, la direction américaine a, semble-t-il, accepté le départ du président Abbas. « Il a réaffirmé son engagement personnel à faire tout son possible pour parvenir à une solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien (...). J'espère continuer à travailler avec le président Abbas, dans quelque nouvelle fonction que ce soit », a-t-elle dit à Washington. Au niveau local, le mouvement Fatah et l'Organisation de libération de la palestine (OLP) continue de réclamer au président Abbas de revenir sur sa décision et le considèrent toujours comme leur unique candidat. Des manifestations populaires spontanées en guise de soutien au président Abbas, dans lesquelles les citoyens exprimaient leur refus de sa décision de ne pas briguer un second mandat, ont été notées dans plusieurs villes de cisjordanie, dont Ramallah et Jenine. Dans la bande de Ghaza, contrôlée par la force par le mouvement Hamas suite à un putsch armé au mois de juin 2007, et dans laquelle le président Abbas n'a plus aucune autorité, les citoyens ont suivi avec beaucoup d'attention le discours présidentiel, chez eux ou dans les cafés. Par crainte d'être réprimés par les forces du mouvement islamiste, les citoyens ne sont pas sortis dans les rues comme en cisjordanie. Le mouvement Hamas, accusé par le président Abbas d'être responsable de la division interpalestinienne et d'avoir donné le prétexte à Israël de prétendre qu'il n'existe pas de partenaire palestinien crédible pour faire la paix, a considéré la décision d'Abou Mazen comme une affaire intérieure du Fatah. Oussama Hamdane, le représentant du Hamas au Liban, a qualifié l'évènement de « pièce théâtrale ». En tous les cas, si le président Abbas reste décidé à mettre un terme à son parcours militant en tant que premier responsable palestinien, israël et les Américains auront perdu une occasion inouïe de faire la paix avec les palestiniens par les moyens diplomatiques. cela signifie l'échec de la politique de modération, qui, automatiquement, devrait laisser la place à une autre qui embrasera de nouveau la région.