Le président Mahmoud Abbas rencontrait dimanche des responsables de la Commission électorale centrale de l'Autorité palestinienne dans le cadre des préparatifs des élections anticipées. Ses collaborateurs avaient initialement affirmé que Mahmoud Abbas rencontrerait la commission dans un délai d'une semaine après avoir annoncé samedi sa décision de convoquer des élections présidentielle et législatives anticipées. La réunion de dimanche semble indiquer sa détermination à organiser le plus rapidement possible ces scrutins, malgré l'opposition du Hamas, qui y voit une tentative de "coup d'Etat". Mahmoud Abbas fixera par décret présidentiel la date des élections après avoir été informé par la Commission électorale centrale des délais nécessaires à leur organisation. Le président palestinien Mahmoud Abbas, dans une impasse politique avec le Hamas, a décidé samedi de convoquer des élections anticipées, au grand dam du mouvement islamiste qui a dénoncé "un appel à la guerre civile" et dont les partisans ont commencé à manifester. Dans la soirée, des manifestations des deux camps dans la Bande de Ghaza ont été émaillées d'accrochages entre hommes armés. Dimanche avant l'aube, un membre de la garde présidentielle du leader Mahmoud Abbas a été tué dans des affrontements avec des hommes armés du Hamas dans un camp d'entraînement de cette force à Ghaza, ont indiqué des sources médicale et sécuritaire. Selon une source au sein de la garde présidentielle, des membres du mouvement islamiste ont "pris d'assaut" un camp d'entraînement de la force, accusée par le Hamas d'avoir tenté d'assassiner le Premier ministre Ismaïl Haniyeh jeudi au terminal de Rafah, entre la Bande de Ghaza et l'Egypte. "Nous vivons des moments difficiles et misérables et nous devons nous en sortir", a déclaré M. Abbas dans un discours à Ramallah (Cisjordanie). "Pour sortir de ce cercle vicieux et empêcher que notre vie ne se détériore davantage et que notre cause s'érode, j'ai décidé de convoquer des élections présidentielle et législatives anticipées", a ajouté le président palestinien qui a reçu un soutien sans faille de l'Occident. Cette décision a été immédiatement rejetée par le Hamas, à la tête du gouvernement, qui l'a qualifiée de "coup d'Etat". "Cela va à l'encontre de la Loi fondamentale palestinienne", a déclaré un porte-parole du Hamas, Ismaïl Radouane. Selon un conseiller du Premier ministre Ismaïl Haniyeh, la convocation d'élections est un "un appel à la guerre civile". "Aujourd'hui, ce que nous avons entendu d'Abou Mazen (Mahmoud Abbas) est un appel à une guerre civile, que nous essaierons d'éviter", a indiqué Ahmed Youssef. "Cela pourrait aussi entraîner beaucoup de pertes et des attaques sanglantes de part et d'autre", a-t-il prévenu. Dans l'ensemble de la Bande de Ghaza, des milliers de partisans du Hamas et d'hommes armés, portant des lance-roquettes antichars et des fusils automatiques, sont descendus dans la rue. "Abou Mazen (Mahmoud Abbas), espion", "De (Mohammed) Dahlane (NDLR l'homme fort du Fatah dans la Bande de Ghaza) au président, notre Autorité palestinienne est une autorité de collaborateurs", "Non et cent fois non aux élections anticipées", ont-ils lancé. Selon Yasser Abed Rabbo, membre du Comité exécutif de l'OLP et proche collaborateur du président Abbas, "les élections anticipées auront lieu d'ici trois mois". Les dernières élections présidentielle et législatives se sont tenues respectivement en janvier 2005 et janvier 2006. M. Abbas a néanmoins affirmé que la mise en place "d'un gouvernement d'union nationale formé de technocrates" restait "sa première priorité". Il n'a toutefois pas précisé si le projet d'élections anticipées serait abandonné si un tel gouvernement voyait le jour. Il a assuré qu'il ne permettrait pas aux Palestiniens de "sombrer dans la guerre civile".