Le président de l'Autorité palestinienne a fait un pas de plus vers des élections en rencontrant, hier, les membres de la commission électorale, au moment où sur le terrain la situation se dégrade dangereusement. Alors que le président Mahmoud Abbas rencontrait, hier, des responsables de la commission électorale centrale de l'Autorité palestinienne dans le cadre des préparatifs des élections anticipées qu'il a annoncées pour surmonter la crise politique qui menace de dégénérer en guerre civile, les membres de forces de sécurité et de groupes paramilitaires du Fath qui le soutiennent se déployaient dans la ville de Gaza après la mort d'un membre de la garde présidentielle lors d'affrontements avec les milices du Hamas. Des centaines d'hommes armés et masqués, membres de la garde présidentielle et des Brigades des Martyrs Al Aqsa, groupe lié au Fatah de Mahmoud Abbas, ont bloqué les rues, notamment dans la partie ouest de Gaza qui abrite des casernes et que des membres du mouvement islamiste ont pris d'assaut, en représailles contre la tentative d'assassiner le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, chef du gouvernement aux couleurs de Hamas, jeudi dernier au terminal de Rafah, entre Gaza et l'Egypte. La veille, tout de suite après l'intervention de Abbas, des manifestations des deux camps à Gaza ont été émaillées d'accrochages entre hommes armés, qui ont fait 1 mort et 19 blessés. Par ailleurs, la voiture du ministre des Affaires étrangères du Hamas, Mahmoud Zahar, a été la cible, hier, de tirs par des inconnus à Gaza, a-t-on appris auprès de son porte-parole. “Des inconnus ont ouvert le feu sur la voiture de Mahmoud Zahar dans laquelle se trouvait le ministre. Personne n'a été blessé”, a affirmé Taher al Nounou. L'incident s'est produit alors que M. Zahar quittait son ministère. Selon un responsable de la garde présidentielle, des échanges de tirs sporadiques étaient en cours dans le secteur. La mesure du président Abbas, appuyée par l'Occident et des pays arabes, est fermement rejetée par Hamas qui l'a qualifiée de coup d'Etat et d'appel à la guerre civile. Au sein de l'Autorité palestinienne, on rappelle que Abbas n'avait cesse de ménager son gouvernement, l'exhortant à la raison et que dans cette mesure, il a mis son poste en jeu puisqu'il ne s'est pas contenté de convoquer des élections législatives. Il y aura également des élections présidentielles. Le président Abbas, qui souhaitait donner encore une semaine de répit pour la mise en branle de ses décisions, s'est vu contraint de précipiter leur faisabilité. La réunion d'hier semble indiquer sa détermination à organiser le plus rapidement possible ces scrutins, malgré l'opposition du Hamas. Les territoires palestiniens sont sur un chaudron et la guerre civile peut éclater à tout moment. Il semble que le désaccord entre Hamas et Abbas porte non pas sur la formation d'un gouvernement d'union nationale mais sur sa composition. Hamas a fini par concéder à cette solution soutenue par les bailleurs de fonds de l'Autorité palestinienne mais il veut se réserver les postes stratégiques arguant sa victoire électorale en janvier dernier. Le Fatah qui, dès le départ, avait refusé toute participation dans une équipe drivée par les islamistes, ne veut pas se contenter de présence symbolique d'autant que le parti historique de la résistance palestinienne semble être remonté dans l'estime de la population. Alors les territoires seront-ils plongés dans le chaos ? L'autre question est qui remplacera Abbas qu'on dit pas du tout intéressé par un autre mandat ? Dans l'attente de candidats, la lutte au sein du Fatah entre la jeune génération et la veille garde, entre les Palestiniens de l'intérieur et ceux de la diaspora, va certainement s'exacerber. D. Bouatta