La jeunesse algérienne représente la catégorie sociale la plus significative, mais aussi la plus idiopathique. Cette jeunesse devrait par principe incarner le moteur dynamique de tout changement se rapportant au contexte social, économique, politique culturel et sportif. C'est le vecteur le plus puissant pour toute mutation de société conçue dans les deux sens dont le péjoratif prime actuellement. Notre jeunesse se personnalise par cet allongement de la durée des d'études. Elle se distingue également par le recul de l'âge du mariage et se spécifie dans une entrée très difficile et même trop tardive dans la vie active et se marivaude inutilement dans une culture inféconde, sinon décadente. Tout cela dans un contexte où la bureaucratie, la corruption, l'immoralité, la perte de repères (valeurs, normes) sont les règles pour des modes de fonctionnement. La jeunesse de notre pays se trouve démunie, repoussée et soustraite, pas de travail, pas d'argent, pas de logement, pas de lot de terrain, donc pas de moyens pour fonder une famille et pas d'Etat qui la prenne en charge, sinon un pouvoir qui l'utilise comme appât pour une quatrième mi-temps. Ces paramètres réels suscités représentent les causes principales des fléaux qui se sont développés dans notre pays (harga, chômage, immolation, drogue, délinquance, informel, alcoolisme, kidnapping, prostitution…) et que les premiers responsables du soi-disant Etat algérien ignorent ou font semblant d'ignorer. En tout cas point de solutions, ni d'issues pour cet «état de fait». Cette tranche d'âge, si on s'amuse à mieux la regarder et de plus près, elle n'est ni une catégorie d'enfants, ni une classe d'adultes, par conséquent elle n'est pas autonome, encore moins dépendante. C'est une tranche d'âge vivante, dans le sens du dynamisme, mais aussi fragile, capable de basculer de l'intégration, de la socialisation à la marginalisation et même vers la forclusion. Cette jeunesse devrait en principe gérer son adolescence en premier avec tous les sentiments qu'elle pourrait incarner et s'exprimer pour retrouver ce désir de liberté dans le sens social. Cette nécessité est censée garantir le chemin social, économique, culturel et sportif d'avenir. «Il est important qu'un but ne soit jamais défini en terme d'activité ou de méthode. Il doit toujours se référer directement à l'amélioration de la vie de chacun… Le but du système doit être clair pour tous ceux qui en font partie. Le but doit comporter des plans pour le futur. Le but est un jugement de valeur.» Dr.W.E. Deming. Devant cet état de fait, seul le sociologue (mis à l'écart par les rentiers) est en mesure de nous élucider encore plus face à leur situation. Ces circonstances sont localisées dans un contexte propre à l'Algérie où la logique, la morale, le cohérent, le discursif, le rationnel et le déductif ne semblent pas faire partie comme mode de gestion de ce pouvoir. Ce pouvoir autiste possède une culture de l'avoir et sa continuité se persévère grâce à la rente pétrolière, ne possédant point de culture de savoir, ne connaissant en rien ce qu'est un modèle de développement. Le modèle est par définition semblable à un plan que l'architecte prépare avant de construire sa maison. Ce pouvoir ne sait pas aussi ce que veut dire un projet de société donc point de savoir ? Et rien que de l'avoir matériel ! Le chômage effectif, réel et déguisé n'est pas quantifié. L'importation se fait en containers des pierres (vu à la TV) jusqu'à l'aiguille, on ne fait qu'acheter avec cette rente pétrolière, nous ne produisons plus rien sinon on implémente des montages de futilités avec des taux d'intégration dépassant les 100%, pots-de-vin inclus, bien sûr avec un fort taux. Le contexte algérien favorise très bien le container à l'entreprise productrice de valeurs (coût comparatif de l'économiste Ricardo). Devant cet état de fait, le chômage ne peut être éradiqué en l'absence de production de valeur ajoutée. Les gouvernements d'hier et d'aujourd'hui ont mis en place des dispositifs beaucoup plus bureaucratiques pour la création d'emplois et donc de valeur défalquée. Afin de lutter contre l'exclusion socio-économique des jeunes, leur fournir un marché du travail propre à eux, avec l'instauration de courtiers, selon une certaine fragmentation établie par deux ministères (Emploi et Solidarité nationale et le ministère du Travail et de la Protection sociale). Le premier dispositif, l'Anem (Agence nationale de l'emploi), est un dispositif que les jeunes surnomment «Notre part du pétrole que le président de la République nous a octroyée». Unique en son genre, une gratification ou présalaire de 2 000 DA pour une fonction «ragda oua t'manger». Pour la seule commune de Beni Saf, prise comme exemple, sa population est estimée à 35 000 âmes. On récense 1 340 «Anemistes», (ceux qui ont un contrat avec l' Anem). L'Algérie compte près de 37 millions d'habitants, le nombre d' «Anemistes» devrait être, selon une règle de trois, de 1 416 571, soit une dépense de 16 998 852 000 DA/mois ou bien 203 986 224 000 DA/an qui est distribuée sans contrepartie (bonjour Madame l'inflation !). Soit une valeur soustraite et sans compte à rendre, et j'en passe pour la Cnac (Caisse d' assurance chômage), l'ADS (Agence de développement social), l' Ansej (Agence de soutien à l'emploi de jeunes), l'Angem (Agence nationale de gestion de la micro-entreprise). Et peut être d'autres dispositifs, sans oublier le social jusqu'à ce que l'on trouve le meilleur pour de bon devant tous ces dispositifs, Tous ces dispositifs spécialisés ont été mis en place pour un mode de gestion spécifique dans le marché du travail, ils permettront d'améliorer, de changer ou de stabiliser le statut social de cette jeunesse afin d'y croire, d'espérer et de voir une lueur au fond de ce sombre tunnel. Malheureusement la bureaucratie, la corruption, le clientélisme, la déliquescence, la dépravation, l'immoralité, la malversation, la pestilence, la prévarication ne peuvent régenter que dans l'arbitraire, source de tous les vices, tous les maux. Au lieu de produire une valeur ajoutée utile pour une économie de bien-être, on a récolté une valeur déduite. Dans un Etat de droit, où il y a la transparence, la compétence et le savoir, les problèmes sociaux des jeunes sont pris en priorité pour trouver le plus vite que possible les solutions qui satisfassent les jeunes et le pays par la création d'emplois et de valeur ajoutée et non leur négation. «Quand un jeune a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson» (Proverbe chinois). Devant toute cette panoplie de dispositifs, ils (les différents gouvernements) n'ont pas permis de résorber le chômage, ni trouver un remède, un système, un modèle, par manque de croissance réelle de transparence… Des contraintes réelles et sensées ne sont pas prises en compte, par contre l'informel s'est développé plus vite que ces dispositifs de valeurs négatives, sans que les gouvernements (d'hier et d'aujourd'hui) aient pris la peine d'assainir ce contexte (économique, politique, social, culturel, sportif), dans le but d'une meilleure réussite dans le domaine de l'emploi, de création de valeurs et de croissance. Ce qui sera suivi de la naissance d'une culture nouvelle basée sur la moralité du travail. Malheureusement la bureaucratie, la corruption et autres méfaits ont bien fait l'affaire de certains pour que rien ne marche et cette volonté de blocage (péage pour toute opération administrative) est plus importante. On a distribué aux jeunes des camions et des locaux mais nullement des outils de création, la rente est là. On importe et puis on spécule. Vivement l'informel pour ceux qui ne savent pas penser que créer est un art qui naît de la compétence et produire est une culture qui naît de la bonne volonté. La véritable richesse de la jeunesse est bien le travail que les rentiers censurent !